Eglises d'Asie

ALLOCUTION DE MGR HUYNH VAN NGHI, ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE, POUR L’INSTALLATION DU NOUVEL ARCHEVEQUE DE HO CHI MINH-VILLE

Publié le 18/03/2010




Nous adressons notre joyeuse reconnaissance au Seigneur: une période de vacance de siège vient de se terminer pour notre archidiocèse. Avec elle s’achève aussi mon mandat d’administrateur apostolique en cette ville. Le bureau déserté de notre bien aimé archevêque, Mgr Paul Nguyên Van Binh, a, de nouveau, un occupant. Evoquant ici l’archevêque décédé, nous nous souvenons de ses mérites et continuons de prier pour lui.

Pour ce qui me concerne, je remercie le Seigneur de tout mon coeur pour tout ce qu’il a fait pour le diocèse et pour moi durant quatre années et huit mois, depuis le jour où le Saint-Siège m’a nommé administrateur apostolique de ce diocèse. Au cours de mes 24 années d’épiscopat, j’ai été par deux fois administrateur apostolique diocésain : la première fois, c’était pendant cinq ans plus quatre mois à Phan Thiêt, la seconde fois pendant cinq ans moins quatre mois en cette ville bien aimée. Les deux fois, ce ne fut pas sans mal. Mais, comme nous l’a enseigné Jésus, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits(Jn 12,24). C’est grâce à la persévérance, à l’endurance et au courage des prêtres comme des fidèles de cette ville, qu’aujourd’hui, notre diocèse bien aimé a un nouveau pasteur. Je suis heureux de vous le présenter. En qualité d’administrateur apostolique, je rends grâce au Seigneur de m’avoir permis de rembourser la dette contractée vis-à-vis d’un diocèse où je suis né, où j’ai grandi, où j’ai poursuivi mes études, où je suis devenu prêtre, puis évêque. Grâce à ce temps de grâcela continuité de la succession apostolique dans l’administration du diocèse aura été assurée et il n’y aura pas eu un seul jour où le troupeau se soit trouvé sans pasteur. Chaque jour, j’ai fait mémoire de vous, tandis que vous faisiez de même pour moi à chaque messe. Je suis particulièrement reconnaissant au Saint-Père qui m’a fait confiance et m’a nommé pour continuer la mission de notre archevêque décédé. Il n’a cessé de me soutenir et de m’encourager et, tout récemment, par l’intermédiaire du cardinal préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il m’a fait parvenir ses remerciements et ses présents.

Je remercie Mgr l’évêque auxiliaire qui s’est donné beaucoup de peine pour moi, malgré son grand âge et sa santé chancelante. Je remercie le vicaire général et le vicaire épiscopal qui ont accompli leur tâche dans le diocèse sans craindre les difficultés ni épargner leur peine. Merci aux doyens qui m’ont aidé à dispenser le sacrement de confirmation, à présider les cérémonies de voeux religieux, à soutenir et encourager leurs prêtres. C’est grâce à eux que l’esprit de fraternité, de communion mutuelle et de collaboration a été consolidé et intensifié. Merci aux prêtres du presbyterium diocésain pour leurs contributions et leurs suggestions et surtout pour leurs prières pour moi à chaque messe. Merci aux religieux et religieuses qui ont collaboré avec moi de toutes leurs forces en accomplissant avec ferveur la mission que le Seigneur leur a confiée quotidiennement. Merci aux monastères qui, au sein de leur vie contemplative, ont prié pour le diocèse et pour la venue du Royaume. Merci aux séminaristes et aux aspirants. Restez tous fidèles à votre vocation. Merci aux sept congrégations diocésaines des Amantes de la Croix, aux autres congrégations religieuses, aux instituts séculiers pour leurs prières.

Mes derniers remerciements, mais les plus importants sont pour vous, frères et soeurs du Peuple de Dieu, pour vos associations de prière ou d’action apostolique qui, avec dynamisme, ont par leurs activités fait avancer le Royaume de Dieu dans les paroisses et diocèses. Vous accueillez aujourd’hui, avec joie, le nouveau pasteur de votre diocèse. Comme les prêtres et avec eux, aimez-le, obéissez lui, priez pour lui et surtout apportez-lui toute votre collaboration. Un évêque sans prêtres, sans fidèles, est comme une harpe sans cordes. Sans cordes, la harpe ne produit aucun son musical. Que le Seigneur vous accorde de ne faire qu’un seul esprit et un seul coeur avec le nouvel archevêque.

Avant de terminer, une fois de plus, comme Jean-Baptiste le précurseur, je vous présente votre nouvel archevêque. Ma mission s’achève, voici que la sienne commence. En tant que son ami, son précurseur et son prédécesseur, je me réjouis de pouvoir l’écouter. Je lui laisse la parole.

ALLOCUTION DE MGR PHAM MINH MAN,

NOUVEL ARCHEVEQUE DE HO CHI MINH-VILLE

[NDLR – Allocution prononcée le 2 avril 1998, à la cathédrale de Saigon. Traduction de la rédaction d’Asie.]

Mon sentiment est celui de quelqu’un entrant pour la première fois dans une nouvelle famille, un sentiment fait de dépaysement et d’inquiétude. Certes je ne suis pas totalement un étranger, je suis seulement dépaysé; de plus mon inquiétude n’est pas telle qu’on puisse la confondre avec de la peur. C’est pourquoi, à l’occasion de cette première rencontre, je voudrais partager avec vous quelques impressions qui viennent de ma foi, en espérant qu’elles puissent contribuer à nourrir et à arroser cette plante de la communion que le Dieu trinitaire fait grandir et à qui il donne de porter du fruit dans la famille du diocèse aussi bien que sur la terre de notre ville bien aimée.

1 – Tout d’abord, je pense que la première tâche que Dieu a confiée à Jésus et à son Eglise est la suivante: à partir d’une communauté humaine divisée par le péché originel et les forces de la mort, construire une communauté fraternelle, unie, en communion, aimant d’un seul coeur le Seigneur, ensemble au service de la vie et de la dignité de tous les hommes. Je crois aussi que le Saint Esprit a guidé et continue de guider la famille de notre diocèse dans l’accomplissement de cette oeuvre, à travers beaucoup de difficultés et d’épreuves.

2 – Je crois ensuite que, aussi nombreuses soient les différences et les divergences entre nous, le Saint Esprit est celui qui nous relie dans un seul amour et dans une seule oeuvre, à savoir, avec le Christ, aimer, servir nos compatriotes, notre peuple, pour qu’ils aient la vie en abondance. C’est pour quoi je crois que “l’homme juste” (1) est la seule voie de l’Eglise et que l’Eglise n’existe que pour l’humanité et à cause d’elle. Je crois que l’Esprit Saint est la flamme qui brûle en vos coeurs comme dans le mien, flamme qui transforme tout en amour, un amour tolérant et généreux, un amour de communion et de paix, un amour de douceur et d’humilité, un amour de sacrifice et de service.

Je crois que le Saint Esprit est en train de vous donner la capacité de vous aimer ainsi, comme le Christ vous a aimés.

3 – Enfin, je crois que l’Esprit Saint n’est pas seulement notre sanctificateur, mais aussi celui qui éclaire et conduit nos frères des religions amies comme il éclaire et conduit les hommes de bonne volonté dans l’oeuvre de développement du pays et de progrès humain, à travers les étapes historiques de notre peuple.