Eglises d'Asie

Des chercheurs pensent que le christianisme était déjà arrivé au Japon plusieurs siècles avant Saint François Xavier

Publié le 18/03/2010




Contrairement aux affirmations traditionnelles, le christianisme au Japon serait antérieur de plusieurs siècles à l’arrivée du missionnaire jésuite, Saint François Xavier, en 1549. C’est ce qu’ont affirmé plusieurs chercheurs, dont un chrétien évangéliste, au cours d’une rencontre qui s’est tenue à Tôkyô le 16 mars 1998.

Le pasteur américain Ken Joseph y a expliqué que le christianisme aurait fait sa première apparition en Extrême-Orient, il y a environ 1 800 ans, après avoir emprunté la route de la soieVenant de la Chine, il serait arrivé à Nara, au centre du Japon. Le pasteur en donne pour preuve une copie de l’Evangile de Saint Matthieu écrite en chinois ancien, qui remonterait au neuvième siècle, et qui a été découverte dans le temple bouddhiste de Horyuji, à Kyôtô, prés de Nara. Selon au moins un historien, ce temple a été bâti vers 818 sur le site d’un édifice chrétien construit en 603 et détruit par le feu. Bien des temples bouddhistes ont été bâtis à l’emplacement d’églises chrétiennes brûlées et tombées en ruine. Des recherches bien conduites pourraient amener à découvrir quelquesuns de ces vestiges a affirmé le pasteur qui est directeur du “Keikyô Institute” à Tôkyô et dessert une église à Nerima, la chapelle de la Grâce. Il a présenté des diapositives de plusieurs objets et statues où avaient été gravées des croix chrétiennes, effacées plus tard ou modifiées par les croyants bouddhistes.

Un autre chercheur, M. L. Young, a déclaré, de son côté, que l’un des objets les plus sacrés du temple Nishi Honganji fondé par Kobo Daishi en 806 après des contacts avec un monastère chrétien nestorien de Pékin, est le Traité sur la charité du Seigneur de l’universun commentaire du Sermon sur la montagne et d’autres passages de l’évangile de Matthieu.

Certains chercheurs japonais pensent également que les premiers importateurs du christianisme furent les Hata, originaires de l’actuel Kazakhstan, qui, après avoir parcouru les différentes étapes de la route de la soie arrivèrent au Japon vers l’an 200. Ils auraient été suivis, disent-ils, au cinquième siècle par des fidèles du “Keikyo” (enseignement lumineux) venus des églises assyriennes nestoriennes. Le christianisme nestorien était désigné par le terme de religion lumineusedans les documents chinois. L’enseignement lumineux, en japonais, Keikyo, est le terme généralement utilisé en Asie pour désigner le christianisme d’alors.

Durant cette même rencontre, le pasteur a également évoqué les chrétiens clandestinsdu 17ème et 18ème siècles, qui, malgré la persécution brutale des Tokugawa avaient réussi à garder leur foi chrétienne intacte et vivante pendant 200 ans. Nagasaki était alors le centre le plus important du christianisme avec une douzaine d’églises et quelque 400 000 catholiques. La cérémonie japonaise du thé, “chadô“, aurait permis à la communauté des chrétiens de se rassembler et de célébrer l’eucharistie grâce à des codes secrets et diverses adaptations. Par exemple, la coupe de thé était tournée trois fois avant de boire pour invoquer la Trinité. La petite pièce, toujours de lin, qui servait à essuyer la coupe était pliée d’une certaine façon pour indiquer le moment de la récitation, en silence, du “Notre Père”. Plus d’un million de Japonais ont été martyrisés pour leur foi durant ce règne de la terreur, jusqu’en 1869, date à laquelle la constitution Meiji instaura la liberté religieuse.

Jan Hollingsworth, l’assistant de recherche du pasteur Joseph, a dressé une carte localisant la présence des communautés chrétiennes du nord au sud du Japon et démontrant clairement que les chrétiens n’étaient pas confinés à Nagasaki. Contrairement à à ce qu’on pense généralement, le christianisme était répandu à travers tout le Japon