Eglises d'Asie

Hô Chi Minh-Ville : il n’y avait aucun représentant des autorités aux cérémonies d’installation du nouvel archevêque

Publié le 18/03/2010




Jeudi 2 avril 1998, deux ans et environ 9 mois après le décès de Mgr Nguyên Van Binh, le nouvel archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Pham Minh Mân, a été installé dans ses nouvelles fonctions. Son entrée à l’intérieur de la cathédrale de Saïgon avait été précédée par une procession de quelque 200 prêtres, venant du terre-plein qui se trouve devant l’édifice religieux. Dans un geste plein de signification, l’administrateur apostolique du diocèse, non reconnu par les autorités civiles, l’attendait sur le porche de la cathédrale. La cérémonie s’est déroulée en présence d’une assistance soigneusement choisie d’environ 1 800 fidèles et d’un petit groupe d’étrangers parmi lesquels les consuls de France, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, tous entassés dans la nef, sous une chaleur étouffante à peine rafraîchie par les pales d’antiques ventilateurs suspendus au plafond de la cathédrale. A l’extérieur devant les portes fermées à clef (3), une grande foule se pressait et suivait la cérémonie retransmise par des hauts-parleurs.

Contrairement à ce qui se passe dans presque toutes les cérémonies religieuses d’importance au Vietnam, aucune personnalité officielle du gouvernement, du Parti, ou du Front patriotique n’était venue assister à l’installation du nouvel archevêque. Selon un membre du clergé de la cathédrale, les autorités centrales aussi bien que régionales avaient été invitées, mais aucune n’a répondu à cette invitation. Les divers médias ont, eux aussi, observé le silence sur cet événement tandis qu’un porte-parole des Affaires étrangères, interrogé à ce sujet par les journalistes, s’est contenté de répondre qu’il ne s’agissait là que d’une activité religieuse ordinaire et a refusé tout autre commentaire. Les observateurs notent que cette attitude d’une discrétion surprenante adoptée par les autorités succède à la longue et insistante pression qu’ils ont exercée sur l’Eglise à ce sujet durant des dizaines d’années. Il se peut aussi que leur absence ait été motivée par la présence au coeur de cette cérémonie de Mgr Huynh Van Nghi, dont ils n’ont jamais reconnu la qualité d’administrateur apostolique.

En effet, le “désormais ancien” administrateur du diocèse, Mgr Huynh Van Nghi, nommé en août 1993 par le Saint-Siège, était assis devant l’autel à côté du nouvel archevêque à qui il a transmis des pouvoirs que, pendant presque cinq ans, il a exercés avec conscience et persévérance, malgré les difficultés de toutes sortes qu’il a rencontrées. Cette passation des pouvoirs était bien le premier acte officiel pour lequel l’administrateur apostolique avait reçu non seulement toute autorisation mais aussi l’approbation entière du gouvernement.

Dans la brève allocution prononcée au cours de la cérémonie (4), Mgr Nghi a insisté sur les difficultés et les épreuves qui avaient été les siennes au cours des cinq ans moins quatre mois pendant lesquels il avait exercé sa charge d’administrateur, sans jamais désigner précisément d’où elles provenaient. Il a insisté sur la confiance qui lui avait été faite par toutes les composantes du diocèse, depuis les doyens jusqu’aux laïcs, et sur la communion qui avait régné entre lui et tout le diocèse, communion surtout manifestée par la mention de son nom en chaque eucharistie. Enfin, il a souhaité la bienvenue au nouveau pasteur, dont il s’est dit à la fois le précurseur et le prédécesseur.

Le nouvel archevêque a répondu en quelques mots à la présentation de son prédécesseur. Comme dans les quelques déclarations prononcées depuis sa nomination, il s’est montré d’une grande discrétion. Sans s’engager pour une pastorale précise, il a cependant évoqué l’union et la solidarité qu’il veut privilégier au sein de la “famille du diocèse”, ainsi que la formation de ces “hommes justes”, dont avait déjà parlé la lettre commune des évêques vietnamiens de 1992.