Eglises d'Asie

L’épiscopat philippin demande aux candidats à la présidence de se prononcer sur les grandes questions morales et sociales

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique vient de procéder à un examen particulièrement minutieux des positions prises par les onze candidats à l’élection présidentielle du 11 mai prochain à propos des problèmes moraux et sociaux les plus brûlants. La Conférence épiscopale a en effet organisé, le jour de Pâques, un forum au cours duquel les candidats se sont prononcé sur des sujets aussi divers que les jeux d’argent, la peine de mort, le contrôle des naissances. “Il ne s’agit pas d’un test religieux, avait averti le porteparole de la Conférence, Mgr Teodoro Bacani, mais nous voulons seulement obtenir des informations sur lesquelles nous nous appuierons dans notre choix”.

Huit des onze candidats étaient venus participer au forum. L’absence la plus remarquée fut celle de l’actuel vice-président, Joseph Estrada, ancienne star de cinéma, à qui les sondages accordent une confortable avance sur ses concurrents. Il faut dire que, un peu plus tôt, un représentant de la Conférence épiscopale avait fortement suggéré que ce candidat ayant reconnu être le père d’une fille illégitime, impliqué, autrefois, dans une affaire de jeu et ayant, de plus, la réputation de boire plus que de raison, n’était pas qualifié pour la fonction de président.

Les comptes rendus de la presse locale ont laissé entendre que la plupart des candidats se sont fait l’écho des positions de l’Eglise sur le contrôle des naissances, y compris le candidat de l’administration qui a souhaité que l’on mette un terme à la politique gouvernementale consistant à distribuer des préservatifs. Un autre participant a même proposé de tous les brûler. Cependant, les positions de l’Eglise ont obtenu beaucoup moins de soutien sur d’autres sujets. Plusieurs des prétendants au siège présidentiel ont été d’avis qu’il fallait maintenir la peine de mort, à laquelle l’Eglise s’est publiquement opposée. Un candidat, ancien policier, qui bénéficie du soutien de certains dirigeants d’Eglise, a souligné l’effet de dissuasion de la peine capitale. Sur la question des jeux d’argent, trois candidats ont soutenu avec vigueur les options de l’Eglise catholique en ce domaine, promettant que, s’ils étaient élus, ils dissoudraient les casinos gérés par l’Etat et mettraient un terme à la loterie nationale. Cependant, un candidat marginal, Manuel Morato, ancien directeur de la loterie nationale, a mis l’épiscopat dans l’embarras en faisant remarquer qu’en d’autres pays, l’Eglise catholique ne condamne pas les jeux de hasard.

Certains articles de la presse du 13 avril ont été critiques pour l’épiscopat philippin et son initiative. Ils ont même mis en doute sa neutralité politique. Horacio Paredes, ancien secrétaire à la presse, a écrit dans le “Malaya” (Liberté) que les évêques devraient se soucier du nombre de personnes qu’il pourront aider à échapper à l’enfer plutôt que du nombre de ceux qu’ils pourront convaincre de ne pas voter pour Estrada ou pour De Venecia.