Eglises d'Asie

Les dirigeants bouddhistes s’inquiètent du déclin de leur religion dans les pays d’Asie

Publié le 18/03/2010




Diverses déclarations prononcées par quelques-uns des 17 hauts dirigeants bouddhistes réunis les 6 et7 avril à Kyoto, au Japon, lors de la première conférence mondiale pour la propagation du bouddhisme, ont témoigné de leur préoccupation devant un certain déclin du bouddhisme dans les pays d’Asie où il était le plus profondément implanté.

Le Dalai Lama qui était présent à la réunion malgré la colère et les récriminations de la Chine, après avoir évoqué l’intérêt grandissant des pays occidentaux pour le bouddhisme, intérêt dont il est un témoin privilégié, a dressé un constat sévère de l’état de la foi et la pratique dans les pays où le bouddhisme est la religion traditionnelle. Pour lui, les adeptes asiatiques du bouddhisme sont en train de perdre la compréhension profonde de cette religion : En Asie, a-t-il déclaré, les bouddhistes suivent des traditions sans en comprendre le sensLa jeune génération, par exemple, au Ladakh et en Inde, a perdu tout intérêt pour la conception monastique de la vie; ils considèrent simplement la religion comme une manière de gagner de l’argent“. A ce déclin de la compréhension religieuse, il a opposé la conception religieuse de l’Occident qui va à l’essence” et qui, selon lui, a raison de le faire.

Ce point de vue était partagé par beaucoup d’autres délégués à la réunion. Le dirigeant suprême du bouddhisme de Malaisie, Kirinde Sri Dhammananda Maha Thero, a, comme le Dalai Lama, souligné la progressive perte d’influence du bouddhisme en Asie, en particulier, chez les jeunes. Il a, en outre, déploré la passivité des fidèles bouddhistes : Toutes les religions sauf le bouddhisme sont très actives“, a-t-il d’abord affirmé. Il a continué en déclarant : Tout ce que nous faisons, c’est brûler des papiers, exécuter des rites, organiser des cérémonies, mais sans une connaissance active de la signification du bouddhisme

Certains délégués ont attribué cette dégénérescence du bouddhisme à des causes comme le matérialisme ou la progression d’autres religions telles que le christianisme et l’islam. En vue de donner un nouveau dynamisme au monde bouddhiste qui comporte encore, aux dires du président indien, Mapalagama Wipulasara Maha Thero, deux à trois milliards d’adeptes, un certain nombre de remèdes ont ensuite été proposés. C’est ainsi que le dirigeant suprême du bouddhisme sri lankais a proposé de rendre l’enseignement du bouddhisme obligatoire dans toutes les écoles des pays bouddhistes, pour que cette religion retrouve sa place prépondérante en Asie. Cette proposition a été rejetée par les autres dirigeants bouddhistes présents à la réunion.

Par contre, les participants de la réunion sont tombés d’accord pour donner un nouvel élan à la lutte contre l’érosion qui atteint leur religion : Nous essaierons de restaurer la gloire du bouddhisme partout il était autrefois florissantaffirme le communiqué final. Ils se sont aussi engagés à entretenir les lieux saints en rapport avec la vie de Bouddha, afin que les futures générations bénéficient de toute la signification historique de ces lieux. Il a été décidé que la Conférence mondiale pour la propagation du bouddhisme se réunirait tous les deux ans. La prochaine aura lieu en l’an 2000.