Eglises d'Asie

UNE INTERVIEW DU NOUVEL ARCHEVEQUE DE HO CHI MINH-VILLE, MGR JEAN-BAPTISTE PHAM MINH MAN

Publié le 18/03/2010




Monseigneur, le Saint-Siège vient de vous charger d’une nouvelle fonction dans un nouveau diocèse. Nous nous en réjouissons, et nous vous exprimons notre dévouement. Pouvez-vous nous dire quel a été le premier sentiment éprouvé par vous en recevant cette nomination ?

En apprenant que le Saint-Siège m’avait nommé archevêque de Hô Chi Minh-Ville, mon premier sentiment a été l’inquiétude, parce que je ressentais que cette mission était pour moi à la fois lourde, nouvelle et, il faut le dire, complexe.

Vous êtes le deuxième archevêque de ce diocèse de Saigon, aujourd’hui le diocèse de Hô Chi Minh-Ville, après votre prédécesseur, feu Mgr Paul Nguyên Van Binh dont on pourrait résumer l’orientation pastorale avec l’expression : “une Eglise servante”. Pourriez-vous nous dire quelle sera votre orientation pastorale ?

L’orientation pastorale aussi bien dans sa réalité que dans sa pratique est encore pour moi quelque chose qui se trouve devant moi. Je pense qu’elle devra être le résultat de la réflexion et de la contribution de toutes les composantes de la famille diocésaine sur le fondement de l’enseignement de l’Eglise, de la tradition du diocèse et de l’expérience des prédécesseurs et des anciens.

Il existe une réalité : le diocèse qui vous a été confié pour l’administrer a traversé une longue période remplie de difficultés, pour ne pas dire de bouleversements. Pourriez-vous nous dire quelles sont les questions prioritaires que vous allez régler?

De l’expérience concrète, j’ai retenu une leçon: si je veux contribuer à rétablir l’ordre et à régler les difficultés dans une famille, il faut d’abord commencer par normaliser et régler mes propres problèmes; par exemple, entrer dans ma fonction de membre d’une nouvelle famille, prendre la résolution de choisir mon nouveau poste comme ma vraie patrie, d’y vivre et d’y mourir. Ces choses-là ont besoin de temps, mais elles constituent le premier pas nécessaire si l’on veut créer un esprit d’union et de communion fraternelles.

Il est une question à laquelle, dans votre situation, vous ne pouvez échapper : c’est celle de vos rapports avec les autorités de Hô Chi Minh-Ville.

Selon moi, toutes les relations sociales, quelles qu’elles soient, ont besoin d’être construites dans la continuité, d’être ajustées, d’être perfectionnées à travers diverses étapes et épreuves. Si les deux parties concernées se trouvent des dénominateurs communs, alors les rapports emprunteront un développement harmonieux en fonction des intérêts à long terme de la nation.

Vous êtes sur le point de prendre la direction d’une communauté catholique dans une grande ville qui se développe rapidement mais où les problèmes sociaux sont particulièrement aigus. Que ferez-vous pour contribuer à ce développement tout en maintenant les valeurs morales de la société et de l’individu?

Je pense que nous devons nous aider les uns les autres à devenir le sel de la terre, le ferment de la Bonne Nouvelle, le ferment des valeurs authentiques et sûres de la tradition culturelle de notre peuple.

Pourriez-vous nous faire part de vos remarques sur le journal “Catholicisme et Nation” (Công Giao và Dân Tôc). Et, à travers cette interview, pourriez-vous adresser vos recommandations à la communauté du peuple de Dieu à Hô Chi Minh-Ville qui attend avec impatience votre présence et votre enseignement?

Pour ce qui concerne le journal “Catholicisme et nation”, l’appréciation devrait s’appuyer sur un ensemble de critères objectifs. L’un d’entre eux, pour porter un jugement sur un journal qui porte le nom d'”organe du Comité d’union du catholicisme”, devrait être sa contribution à la création de l’union… Mais je n’ai pas de bases concrètes me permettant de mesurer l’existence de tels résultats.

Pour la communauté du peuple de Dieu, je demande à tous les groupes religieux de ne pas cesser de prier pour le diocèse, de prier les uns pour les autres et pour moi-même, pour l’union de la famille ecclésiale, pour l’union à l’intérieur de la communauté nationale, objet de l’amour et du service de Jésus-Christ.