Eglises d'Asie

Mindanao : deux nouveaux assassinats de journalistes portent à 52 le nombre de journalistes assassinés depuis douze ans

Publié le 18/03/2010




Deux nouveaux assassinats de journalistes sur l’île de Mindanao portent à 52 le nombre des journalistes tués aux Philippines depuis 1986 (14). La police de Mindanao enquête depuis le 30 mars sur le meurtre de Reynaldo Bancairin à Zamboanga, et, depuis le 16 avril, sur celui d’une personnalité de la radio, Nelson Catipay, tué à Cotabato. Des témoins ont raconté que Catipay descendait d’un minibus vers midi quand un autre passager a sorti un pistolet et a tiré. On a retrouvé neuf impacts de balles sur son corps. La police dit que le meurtrier s’est enfui à pied à travers un quartier de la ville de Sultan Kudarat, lieu de résidence de la victime.

Romelo Endrina, porte-parole de la Fédération des journalistes pour la liberté (FREE), a demandé aux autorités d’examiner la possibilité d’un lien entre le meurtre de Catipay et les émissions récentes de radio sur des conflits à propos de terrains. Catipay, membre de FREE, était à la tête d’une soixantaine de familles qui revendiquaient onze hectares d’un terrain situé derrière le séminaire diocésain de Notre-Dame à Sultan Kudarat. Un élu s’était élevé contre la demande des familles, parmi lesquelles celle de Catipay, qui pourtant vivent dans la région depuis leur fuite lors de la guerre musulmane de sécession de 1970.

A Zamboanga, la police a offert 25 000 pesos (658 dollars) afin d’obtenir des informations sur le meurtre de Bancairin. Le journaliste de radio, âgé de 29 ans, était en train de faire son émission quotidienne d’information et de commentaire du programme “Bale todo” (liberté pour tous), quand deux hommes armés ont fait irruption dans le studio, tenant en respect le technicien et abattant Bancairin de trois coups de revolver.

Le commissaire de police, Edwin Soledad, a déclaré que la police pensait à des affaires liées aux irrégularités commises dans les marchés publics de la ville ainsi qu’à une prétendue liaison avec une femme mariée. Aucune arrestation n’a été effectuée.

A côté de son travail à la radio, Bancarin écrivait pour les journaux locaux, avait été élu conseiller municipal, trésorier du club de la presse de Zamboanga et vice-président du Comité de la presse d’investigation de Zamboanga.

En février, c’était le commentateur politique, Odilon Mallari, de la station de radio catholique “Passion du Christ” qui avait été assassiné par deux assaillants dans la ville de Général Santos. D’après Ed Aurelio Reyes, président du Mouvement philippin pour une presse libre (PMPF), 52 journalistes ont été tués depuis 1986, date de la démission de l’ancien président Marcos. Parmi eux, 21 journalistes étaient originaires de Mindanao et 17 étaient des commentateurs, reporters, présentateurs, gérants ou employés de radios.