Eglises d'Asie

Padang : devant les étudiants, un dirigeant musulman se livre à une vive critique du gouvernement

Publié le 18/03/2010




La plupart des 10 000 étudiants venus de toute la province de Sumatra occidental assister au forum de libre discussion, organisé dans la faculté de pédagogie de Padang, le 20 avril, avaient été attirés par la personnalité de Amien Rais, le dirigeant du mouvement “Muhammadiyah”, association islamique regroupant 28 millions d’adhérents. Les étudiants n’ont pas été déçus. Celui-ci a prononcé pour eux un discours critiquant avec énergie le gouvernement indonésien actuel.

Selon le leader musulman, la catastrophe économique actuelle a pour cause principale le déclin de l’honnêteté dans le pays. Il a déploré l’absence de justice sociale en Indonésie et constaté que la trop longue présence au pouvoir des dirigeants actuels leur avait fait perdre toute créativité. Aujourd’hui, si le pays veut sortir de la crise, cinq mesures s’imposent : la stabilisation de la roupie, le contrôle de la hausse des prix des produits alimentaires, le combat contre l’inflation, la réduction du chômage et la pacification des troubles sociaux. Le dirigeant a conclu en déclarant que si ces cinq conditions n’étaient pas réalisées d’ici six mois, le gouvernement devrait rendre son mandat à l’Assemblée consultative. C’est elle qui, au mois de mars dernier, a octroyé pour la septième fois consécutive un nouveau mandat de cinq ans au président Suharto.

Dans un communiqué publié à l’issue du forum, les étudiants appellent de leurs voeux une réforme globale dans tous les secteurs, en particulier dans les domaines économique et politique. Ils demandent aussi la démission du ministre de l’Education nationale, M. Wiranto Arismunandar. Celui-ci est accusé par eux d’avoir violé les articles de la constitution garantissant la liberté d’expression et de rassemblement. Précédemment, dans des propos tenus en public, le ministre avait traité les étudiants de “politiciens amateurs“, et avait affirmé qu’ils ne devraient pas organiser d’activités politiques à l’intérieur des campus.

Malgré la désapprobation des autorités qui continuent à interdire aux étudiants de mener des manifestations politiques en dehors des universités, 2 000 des participants du forum, escortés par de nombreuses forces de police ont marché jusqu’au bureau parlementaire régional où ils ont tenu un second forum.