Eglises d'Asie

Selon le bureau international du Travail, la crise économique actuelle devrait favoriser l’émergence d’un nouveau modèle social en Asie du sud-est

Publié le 18/03/2010




Un rapport du bureau international du Travail, rendu public le 15 avril à Hongkong, constate que les mesures mises en place par les gouvernements asiatiques face à la montée du chômage et le retour en force de la pauvreté, consécutifs à la crise, étaient, pour le moment, inadéquates. Il les met en garde contre les troubles sociaux qui pourraient survenir si leurs réponses aux défis lancés par les effets sociaux de la crise n’étaient pas davantage en rapport avec la gravité de ceux-ci. Ces risques sont d’autant plus grands que le modèle social adopté depuis longtemps par la plupart des pays concernés a négligé les garanties collectives et la mise en place d’un filet de protection.

Le rapport, intitulé L’impact social de la crise économique, et préparé par le bureau en vue de la réunion tripartite (gouvernements, employeurs et salariés) qui a réuni 9 pays de l’Asie de l’Est du 22 au 24 avril à Bangkok, souligne d’abord le dramatique et brutal retournement du taux de croissance opéré par la récente crise. En Indonésie, à une croissance de 8 % encore enregistrée au troisième trimestre de 1997, va succéder une récession de 5 % attendue en 1998, soit une chute de 13 %. Cette chute de la croissance sera de 8 % en Thaïlande et en Corée du sud.

La conséquence sociale la plus importante de la récession est évidemment le chômage qui a fait son apparition dans des pays où il était minime et quelquefois n’existait pratiquement pas. C’est ainsi que, pour la Thaïlande, le taux de chômage va passer de pratiquement zéro avant la crise à 5,6 % en 1998, soit deux millions de sans-emploi, selon une prévision jugée optimiste par le bureau international du Travail. En Corée du Sud, ce taux qui s’était stabilisé avant la crise à 2 % est en train d’approcher les 7 %. C’est l’Indonésie qui est la plus affectée. La proportion de chômeurs était de 5% en 1996; elle doublera en 1998 et atteindra 10 %.

Le rapport du bureau international du Travail insiste sur le fait que les solutions économiques ne suffiront pas à réduire le chômage et qu’il sera nécessaire de traiter ses conséquences sociales. Or, la disparition de la croissance forte a fait apparaître en pleine lumière la faiblesse et la précarité de la protection sociale des travailleurs, dans la plupart des pays touchés par la crise économique. En Indonésie et en Thaïlande, la seule protection du travailleur au chômage est sa famille ou des aides individuelles, l’Etat ne jouant pratiquement aucun rôle en ce domaine.

Le bureau du Travail appelle donc les pays d’Asie à accompagner les réformes destinées à fortifier et à relancer les économies, de la mise en place d’un système de protection sociale. De même que la grande dépression de 1930 a conduit à un nouveau contrat social en de nombreux pays industrialisés, de même la crise actuelle, en Asie, devrait inciter à la création d’un nouveau modèle de développement socialement mieux orienté“. Devraient faire partie de ce nouveau modèle social, l’assurance-chômage, le paiement des indemnités de licenciement, la protection des travailleurs les plus vulnérables, la retraite minimum, etc. La démocratie, la transparence, un mouvement ouvrier fort devraient venir s’ajouter aux composantes précédentes. Selon le bureau international du Travail, ce nouveau modèle social, loin de réduire la compétitivité économique de l’Asie, ne pourrait que la renforcer.