Eglises d'Asie

Synode d’Asie : Mgr Nguyên Van Hoa tire les leçons du caractère minoritaire du christianisme en Asie

Publié le 18/03/2010




La première intervention vietnamienne au synode des évêque d’Asie a eu lieu lors de la troisième journée, le 21 avril 1998. Elle a été prononcée par le vice-président de la Conférence épiscopale du Vietnam, Mgr Paul Nguyên Van Hoa (18). Après avoir constaté la situation minoritaire du christianisme en Asie, au milieu d’une population dont la mentalité a été influencée par les grandes religions traditionnelles, il a cerné et exposé trois séries de problèmes qui découlent de cette situation, tout en affirmant, en conclusion que son intention était davantage de poser des questions que d’y répondre.

Les premiers problèmes se posent dans le domaine de la christologie. C’est une opinion très courante en Asie que de considérer toutes les religions comme également bonnes et enseignant pareillement à faire le bien et éviter le mal. Il est par suite difficile de présenter le christianisme comme une religion révélée et le message du Christ comme l’achèvement de cette révélation. Certes, les chrétiens doivent affirmer que le Christ est l’intermédiaire unique entre Dieu et l’humanité, a déclaré l’évêque de Nha Trang. Cependant, ce rôle du Christ ne doit pas amener à repousser la contribution des grandes religions et de leurs fondateurs hors du dessein de salut réalisé historiquement par le Christ. Un christocentrisme exclusif ne serait pas favorable au dialogue interreligieux. Par ailleurs, le représentant des évêques du Vietnam a proposé de réfléchir à l’influence du Verbe de Dieu, avant même l’incarnation du Christ, sur l’univers et son histoire, et par conséquent, sur la formation des grandes religions, dont les adeptes peuvent d’une certaine façon être considérés comme frères des chrétiens puisque issus de la même action du Verbe, sagesse de Dieu.

Abordant les questions ecclésiologiques, le représentant des évêques vietnamiens a évoqué une affirmation de “Lumen Gentium” et en a souligné l’importance : Ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d’un coeur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceuxpeuvent arriver au salut éternel(L.G.16). C’est une phrase qui invite à approfondir le mystère de l’Eglise et à la considérer comme dépassant largement ses frontières visibles. Cette conception conciliaire de l’Eglise institue des relations très profondes entre la communauté catholique et les croyants des autres religions.

Dans l’ordre missiologique, le vice-président de la conférence épiscopale du Vietnam a relevé qu’un des obstacles à l’évangélisation chrétienne en Asie est le sentiment de fidélité des peuples à l’égard des traditions religieuses qui les ont formés eux et leurs ancêtres. Les hommes chargés d’assurer la pérennité de la tradition éprouvent ce sentiment de piété filiale envers les traditions, encore plus fortement que les femmes, a souligné Mgr Hoa. C’est ce sentiment très généralement répandu qui donne toute son urgence et son caractère dramatique à l’oeuvre d’inculturation du christianisme en Asie.

(18) Le texte vietnamien de cette intervention prononcée en français a été publié par Muc Vu“, N( 167, mai 1998