Eglises d'Asie – Inde
Ayodhya : sur les lieux de la mosquée rasée, le gouvernement propose de bâtir un temple national
Publié le 18/03/2010
Loin d’apaiser les esprits, la proposition du nouveau gouvernement a ravivé les inquiétudes et suscité des soupçons sur les arrière-pensées des initiateurs de ce projet. Le président de la Conférence épiscopale de l’Inde, Mgr Alan de Lastic, a déclaré qu’il trouvait l’idée bonne, mais qu’en réalité, l’Eglise catholique ne savait pas de quelle espèce de temple national il s’agissait. Il a ajouté que cette proposition était sans doute un des éléments d’un projet encore inconnu. Il était nécessaire que le BJP donne des éclaircissements sur celui-ci. Il se pourrait bien, a-t-il encore fait remarquer, que ce soit un piège destiné à abuser les minorités religieuses.
Mgr Karan Masih, de l’Eglise de l’Inde du Nord, a donné son accord à la proposition. Mais il n’a pas caché que son Eglise était impatiente de savoir si le “temple national” serait un temple hindou ou bien un complexe comprenant temples, chapelles et mosquéesIl a aussi ajouté que l’Eglise de l’Inde, elle aussi, voulait vivre en harmonie, en paix et dans l’amitié avec tous. Elle se réjouissait de voir que le gouvernement partageait cet idéal.
Du côté musulman, les soupçons n’en sont pas moins grands. Le président de la ligue musulmane de l’Union indienne, Ebrahim Sulaiman, a brutalement affirmé que la volonté déclarée des musulmans était la reconstruction d’une mosquée sur les lieux de celle qui a été rasée en 1992. Ils ne permettraient pas qu’un temple soit élevé sur le site controversé.
Cependant, il existe des points de vue moins radicaux sur le nouveau projet du BJP. Selon le commentateur politique, Shridar Shankar, l’ambition du parti hindou est plus politique qu’idéologique. L’idée d’un “temple national” devrait être comprise comme une tentative du BJP pour récupérer en son sein les représentants de toutes sortes de milieux, religions, communautés et régions. Selon lui, pour sa survie, le BJP, serait davantage préoccupé d’arithmétique politique que d’idéologie. 18 partis régionaux font, en effet, partie de l’alliance sur laquelle s’appuie le gouvernement.