Eglises d'Asie

La diminution du nombre de catholiques inquiète le clergé comme la hiérarchie

Publié le 18/03/2010




Le déclin sensible du nombre de catholiques depuis plus d’une dizaine d’années inquiète aujourd’hui les dirigeants de l’Eglise de Taïwan. “Il est aussi difficile d’obtenir une nouvelle conversion que de placer un buffle sur le haut d’un bambou”, a fait remarquer un curé de Taipei au cours d’une récente récollection de prêtres. Pour illustrer son propos, il a cité le cas de sa paroisse où, pendant toute l’année 1997, il n’a administré que quatre baptêmes, juste assez pour compenser trois décès de paroissiens et le départ d’un autre hors de la circonscription paroissiale. Le secrétaire de la Conférence épiscopale de l’île, le P. John Wu Chung, a ajouté que cette stagnation du nombre des catholiques ne tient pas au manque d’efforts des prêtres qui ont essayé de nombreuses méthodes pour augmenter le nombre de catéchumènes sans en trouver une qui soit efficace. L’Eglise de Taïwan a même emprunté des pratiques de l’Eglise coréenne où le nombre de fidèles est en croissance rapide. Celles-ci n’ont pas eu de résultats.

En 1949, au moment de la prise de pouvoir communiste en Chine continentale, l’afflux de catholiques venus se réfugier à Taïwan avait donné une dimension nouvelle à l’Eglise locale. De 18 000 à la fin des années 40, la population catholique était passée à 306 000 en 1960. Cette fulgurante progression a pris fin depuis longtemps. Durant la décennie écoulée, de 1987 à 1997, alors que la population de l’île progressait de 11,2 %, le nombre de catholiques ne s’est élevé que de 4,5 % et se contente de dépasser quelque peu les 300 000. Ce chiffre ne représente plus que 1,39% de la population soit une baisse de 1,47 % par rapport à la précédente décennie. Plus encore, au cours des dix années écoulées, deux diocèses, Taichung et Hsinchu, ont connu un déclin du nombre de fidèles de 3,4 % pour le premier et de 2,5 % pour le second. Pour l’année 1997, le nombre total de baptêmes pour Taïwan, estimé à partir des chiffres fournis par six diocèses sur sept, serait de 3 074. Mais ce chiffre ne fait que compenser le départ des fidèles hors des communautés paroissiales. Selon certains observateurs, les partants ne s’engageraient pas dans de nouvelles communautés catholiques et on perdrait leur trace.

Certains prêtres estiment que la diminution du nombre des catholiques est peut-être moins importante que la baisse de qualité de leur foi. Selon eux, les laïcs aujourd’hui soutiennent volontiers les diverses activités ecclésiales mais ont bien souvent perdu tout intérêt pour la messe dominicale. Le dimanche, ils préfèrent envoyer leurs enfants dans les cours de rattrapage que dans les églises. Par ailleurs, les nombreuses possibilités de divertissements auraient aujourd’hui chassé la prière de la maison et éloigné les familles des activités d’Eglise.

Malgré les obstacles constitués par le vieillissement du clergé et son attitude souvent conservatrice, beaucoup de prêtres, comme, par exemple, le P. Jean Bosco Lu Da-cheng, pensent qu’il est nécessaire d’entreprendre un certain nombre de réformes qui apporteront une nouvelle vitalité à l’Eglise. Le P. Lu croit aussi que le meilleur moyen de sortir de la crise actuelle, pour les catholiques, serait de répondre aux vrais besoins de la population. Cependant, d’une façon générale, les non-chrétiens de Taiwan se préoccupent moins de leur salut personnel que de trouver des divinités de toutes sortes capables de procurer la paix à leurs esprits. Cette tendance les pousse moins vers le christianisme que vers l’adoption de croyances superstitieuses. Ils se tournent plus volontiers vers des religions et des sectes faisant une grande place au miracle et au merveilleux.