Eglises d'Asie

L’humble retour de l’Eglise catholique aux confins du désert de Karakoum

Publié le 18/03/2010




“Vous êtes une semence de laquelle croîtra un arbre. Que Dieu vous bénisseC’est par ces paroles qu’une femme âgée a accueilli les deux missionnaires, Oblats de Marie immaculée (OMI), venus à Ashghabat, capitale du pays, pour marquer le retour de l’Eglise aux confins du désert de Karakoum. Le P. Andrzej Madej et son confrère, le frère Radoslaw Zmitrowicz, sont arrivés dans le pays, le 10 octobre 1997, pour s’y installer à demeure. Cette intitiative a été prise à la suite de l’établissement, en 1996, de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Turkménistan. En septembre 1997, le pape Jean-Paul II avait érigé la mission sui juris du Turkménistan et nommé le P. Madej comme administrateur apostolique.

Pour nous accueillir, il y avait plusieurs personnes qui se souvenaient que leurs ancêtres étaient catholiques. Ils nous ont montré une vieille photo de l’église construite au début du sièclea déclaré le P. Madej. Il a ajouté qu’à l’heure actuelle pour qu’un bâtiment religieux puisse obtenir une reconnaissance juridique des autorités civiles, il faut cinq-cent signatures de citoyens de la même ville.

Les deux religieux célèbrent chaque dimanche la messe pour les catholiques étrangers vivant à Ashghabat. Ils s’efforcent aussi de faire la connaissance des familles qui ont des racines catholiques, en leur rendant visite : Nous les invitons à participer aux rencontres bibliques au cours desquelles nous lisons la Parole de Dieu en russe. Nous avons aussi commencé à apprendre le turkmèneIls ajoutent que plusieurs personnes ont déjà été accueillies en catéchuménat“. Par ailleurs, les deux missionnaires ont aussi pris contact avec l’Eglise orthodoxe locale et les musulmans pour essayer d’établir avec eux des relations cordiales.

Avec l’indépendance du pays, disent-ils encore, les difficultés de la population ont augmenté. Paradoxalement, les années de plomb vécues sous la dictature soviétique éveillent une incroyable nostalgieLes deux hommes se montrent pourtant optimistes pour l’avenir de l’Eglise catholique dans le pays. Parmi leurs objectifs à moyen terme, figure la construction d’une église et d’un centre catholique avec une bibliothèque.

La première présence chrétienne au Turkménistan remonte au deuxième siècle de notre ère. Le christianisme s’y était développé ensuite jusqu’au treizième siècle. Sous le gouvernement du conquérant turc Tamerlan (Timur Lang), au quatorzième siècle, les chrétiens furent massacrés ou contraints de se convertir à l’islam. Il fallut ensuite attendre la fin du XIXème siècle et l’annexion du territoire par la Russie des Tsars pour que les chrétiens, orthodoxes et catholiques, reviennent dans le pays. En 1905, les catholiques construisirent un église à Ashghabat. En 1930, elle fut transformée en cinéma par les autorités soviétiques. En 1948, le bâtiment fut détruit par un tremblement de terre qui décima les deux tiers de la population de la ville.

Le Turkménistan compte un peu plus de quatre millions d’habitants dont une très grande majorité de musulmans. Dans un avenir très proche, l’Eglise du Turkménistan devrait se joindre à la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (9).