Eglises d'Asie

Le christianisme, avec le marxisme et la pensée Hô Chi Minh, reconnu comme une des sources importantes de la culture vietnamienne

Publié le 18/03/2010




Un point de vue nouveau sur la culture vietnamienne vient d’être soutenu dans un article paru dans le quotidien communiste de Hô Chi Minh-Ville “Sai Gon Giai Phong” (Saigon libéré) du 24 mai 1998. En particulier, parmi les éléments constituant cette culture, l’article intitulé “Quelques opinions au sujet de la culture et du développement” et signé de Trân Trong Tân, accorde une grande importance au christianisme, à côté, il est vrai, du marxisme-léninisme et de la pensée Hô Chi Minh (11).

Après quelques idées générales sur la nature et la complexité de la culture, l’auteur en vient aux sources de celle-ci et à ses manifestations actuelles dans le pays. Il signale rapidement, comme fort connues, les sources traditionnelles communes au Vietnam, aux minorités ethniques et aux peuples environnants, la source des trois religions (Tam Giao), à savoir le bouddhisme, le confucianisme et le taoïsme, la source occidentale coïncidant avec la période du colonialisme. L’auteur passe sous silence la Chine et consacre le gros de son article à détailler et analyser les sources chrétienne et marxiste ainsi que la pensée de Hô Chi Minh.

A la source chrétienne est rapporté en premier lieu le passage de la langue vietnamienne à l’écriture latine. Comparée aux caractères chinois ou aux caractères démotiques, les Chu nômutilisés auparavant, la nouvelle écriture “Quôc Ngu“, constitue une étape révolutionnaire du développement de la culture comme de la civilisation. C’est elle qui a permis au Vietnam de passer de la civilisation orale à la littérature écrite. Dans le domaine moral, le christianisme a largement influencé l’évolution des esprits. C’est grâce à lui que la monogamie, d’abord imposée aux adeptes de la nouvelle religion, s’est ensuite imposée peu à peu à toute une société ayant d’abord adopté la polygamie hiérarchisée héritée de la Chine. Le paysage architectural du pays a été largement transformé par de nombreux édifices construits pour l’exercice du culte chrétien, comme les églises, les monastères. Beaucoup de productions culturelles disséminées dans tous les domaines de l’art, en particulier dans la littérature, bien qu’appartenant à la source chrétienne, sont désormais indissociables de la culture vietnamienne. L’auteur signale aussi la marque du christianisme sur les moeurs du Vietnam. Ainsi, il dit que, désormais, la fête de Noël et les coutumes qui lui sont associées sont devenues une habitude culturelle commune de la population, spécialement celle des régions urbaines. L’auteur attribue également au christianisme le renforcement du patriotisme dans les années récentes, surtout après le départ des prêtres étrangers et leur remplacement par des prêtres du pays.

A la suite de la source chrétienne, l’auteur énumère deux autres sources qu’il distingue soigneusement : le marxisme-léninisme et la pensée de Hô Chi Minh. Selon l’auteur, avec son immense production littéraire touchant tous les domaines de la vie sociale, le marxisme est un courant culturel prépondérant. Il aurait fourni au Vietnam d’aujourd’hui l’outil indispensable pour passer à la modernité, malgré le retard économique, à savoir une vision scientifique du monde, de l’histoire et de la vie.

Le point de vue le plus original de l’auteur concerne peut-être la pensée de Hô Chi Minh. La culture Hô Chi Minh, selon lui, ne doit pas être considérée comme synonyme de culture marxiste. Elle est, selon lui, une association harmonieuse entre la culture traditionnelle, les éléments positifs de la culture religieuse, le meilleur des civilisations occidentale et orientale et la culture marxiste qui n’arrive ici qu’en dernière position. Pour l’auteur, la culture Hô Chi Minh constitue une philosophie globale de la vie en tous les domaines. Elle enseigne même à mourir, souligne l’auteur, puisque, dans son testament, Hô Chi Minh a voulu donner son point de vue à ce sujet.