Eglises d'Asie

Les dirigeants chrétiens ont rencontré le nouveau président et lui ont exposé leurs vues sur la réforme

Publié le 18/03/2010




Le 1er juin 1998, le nouveau président indonésien, Bacharuddin Jusuf Habibie, a reçu pour un entretien les principaux dirigeants des communautés chrétiennes de l’Indonésie, à savoir le président et le secrétaire général de la Conférence épiscopale ainsi que les deux plus hauts responsables de la Communion des Eglises protestantes d’Indonésie. A la demande du président, les dirigeants religieux ont exposé leurs vues sur la réforme. Ils lui ont aussi demandé la libération des prisonniers politiques, principalement de ceux qui ont été arrêtés sous de fausses accusations. Jusqu’à présent, le gouvernement indonésien n’a offert l’amnistie qu’à quatre prisonniers politiques et à trois militants. Il a écarté d’une éventuelle grâce les dirigeants séparatistes et les communistes emprisonnés depuis 1967 (3).

Dans une conférence de presse accordée tout de suite après cette rencontre, Mgr Josefus Suwatan, président de la Conférence épiscopale, s’est fait le porte-parole de la population pour exposer les fondements moraux et politiques de la réforme exigée par la situation actuelle du pays. La réforme doit être totale, a-t-il dit, entrer dans le détail et commencer par restaurer les droits de l’homme. Les atteintes à la dignité de l’homme doivent être immédiatement stoppées si l’on veut restaurer la confiance de la population, et mener à bien les réformes. Ce n’est qu’en réglant au plus vite ces problèmes politiques fondamentaux que l’on pourra s’attaquer à la crise économique. Le prélat a aussi dressé une liste des violations de la dignité humaine commises au cours des mois récents : enlèvements des partisans de la réforme accompagnés de tortures, fusillades contre les étudiants, pillages et incendies de boutiques et de maisons, qui ont fait des milliers de victimes innocentes. L’archevêque a aussi parlé des atteintes à la dignité émanant du gouvernement comme de certains milieux sociaux depuis des décennies : corruption, ententes tacites, népotisme, autant de maux qui sévissent depuis trop longtemps dans le pays, a-t-il souligné.

Les responsables de la Communion des Eglises ont fait part au nouveau président de leur souci au sujet de la prochaine session spéciale de l’Assemblée consultative du peuple. Une attente de six mois avant son ouverture leur apparait beaucoup trop longue. Selon les dirigeants religieux, il serait préférable de rapprocher la date d’ouverture parce que l’esprit d’une réforme globale exige le remplacement rapide des membres de l’Assemblée coupables de corruption, de collusion et de népotisme.

Purger le gouvernement de la corruption, du népotisme, du système des ententes tacites semble être devenu le thème central de la campagne réformiste qui s’est développée à la suite de la démission de Suharto.