La culture est vie spirituelle, la motivation morale de l’homme, de la famille, de la collectivité, de l’ensemble de la société. Elle pénètre les divers territoires d’activité de l’intelligence, les méandres de l’affectivité, la vie de l’âme …
Une discussion sur la culture et le développement ne peut s’enfermer dans le cadre de l’industrialisation et de la modernisation pas plus qu’elle ne peut se laisser limiter par une région.
La culture vietnamienne telle qu’elle s’est développée jusqu’aujourd’hui, a été forgée à partir de nombreuses sources. Les études sur ce sujet mentionnent généralement la source des anciennes traditions nationales, la source émanant des minorités ethniques, la source des trois religions (Tam Giao), à savoir le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, la source culturelle occidentale qui s’est principalement manifestée dans ce que l’on appelle “l’introduction de la civilisation” par le colonialisme et l’impérialisme. Mais cette énumération est loin d’être complète.
Comme éléments de la culture vietnamienne, il faut aussi compter la source cultuelle chrétienne, la source culturelle du marxisme-léninisme et, enfin, il faut accorder une importance spéciale à la culture “Hô Chi Minh”.
Concernant la culture chrétienne, il faut souligner en premier lieu sa contribution qui a consisté à transformer l’écriture du pays selon l’alphabet latin. Comparée à l’emploi des caractères chinois et des caractères démotiques, les caractères “nôm“, l’écriture latine a marqué une étape révolutionnaire du développement et a exercé une très grande influence sur de nombreux aspects du développement non seulement de la culture, mais aussi de la civilisation. L’histoire nous apprend que la civilisation vietnamienne a commencé à partir du moment où cette écriture a été diffusée et que des intellectuels l’ont utilisée pour transformer la culture orale en culture littéraire. Cette transformation de l’écriture a donc marqué le début d’une étape nouvelle de la civilisation vietnamienne.
La culture chrétienne a également exercé son influence sur le sentiment moral de l’homme. Par son code religieux, il a imposé la monogamie. Pour ce qui concerne l’indépendance et l’autonomie, lorsque les prêtres chrétiens étrangers ont été remplacés par des prêtres du pays, ils ont fait comprendre aux fidèles que leurs droits et devoirs n’étaient pas seulement de vénérer le Seigneur mais aussi de se montrer solidaires de leur pays. De nombreux travaux d’architecture, des églises, des monastères ont été construits sur la terre de notre pays au cours des cent dernières années, beaucoup d’oeuvres littéraires et artistiques, beaucoup d’auteurs talentueux appartiennent au courant culturel chrétien. Ils sont en même temps des éléments authentiques de la culture vietnamienne. La fête de Noël est devenue peu à peu une activité culturelle de notre peuple, en particulier dans les zones urbaines. Pour savoir à quel point le courant culturel chrétien a contribué au développement de la culture vietnamienne, il faudra beaucoup d’études et beaucoup de rigueur.
Généralement, on ne présente le marxisme-léninisme que comme la base théorique et la ligne directrice des activités du Parti communiste. Il est rare de voir en lui un courant culturel, le courant marxiste. En réalité, la seule masse des publications marxistes léninistes parues en l’espace de 70 ans est impressionnante et son riche contenu a touché en profondeur tous les domaines de la vie sociale. La culture marxiste est devenue un courant prépondérant dans ce pays. Il a commencé à se manifester pleinement lorsque le Parti dirigeant a pris le pouvoir.
La contribution la plus importante, à caractère révolutionnaire, de la culture marxiste c’est sa contribution à la création d’une vision scientifique du monde, de l’histoire et de la vie humaines. Elle a donné à la culture vietnamienne un caractère de modernité alors que la situation économique était encore arriérée. Avec le Parti communiste et le drapeau rouge à la faucille et au marteau, la culture marxiste a fait surgir la conscience de classe, l’estime pour la grande puissance des ouvriers et des paysans, la prise en compte de la culture nationale, de la science, des masses populaires, de l’art au service de la vie humaine.
Notre compréhension de la pensée de Hô Chi Minh est encore superficielle : elle a pris du retard. Durant de nombreuses années, on a surtout valorisé la vertu et le comportement de Hô Chi Minh. Ce n’est que vingt ans après sa mort que l’on a commencé à considérer sa pensée dans le cadre du marxisme-léninisme. A ce moment-là, le monde a vénéré Hô Chi Minh comme une éminence culturelle.
Mais, à vrai dire, Hô Chi Minh n’est-il qu’une éminence culturelle? N’est-il pas plutôt l’illustration d’un courant culturel particulier, la culture “Hô Chi Minh”? Je pense en effet qu’il existe réellement une culture “Hô Chi Minh” et qu’elle n’est pas synonyme de marxisme. Elle est formée par l’association harmonieuse et ingénieuse de la culture nationale traditionnelle, d’éléments positifs de la culture religieuse, du meilleur de la culture occidentale et orientale et de la culture marxiste. Cette association adaptée à la modernité marquée par un humanisme profond est devenue le fondement de la culture vietnamienne. C’est une culture qui porte les aspirations du peuple à l’indépendance, à la maîtrise ainsi que le désir des familles d’obtenir la satiété, la culture et le bonheur. Elle incite l’homme à vivre libre, fort, sans cesser de s’instruire, en respectant les justes causes et en se comportant dans la justice à l’égard d’autrui. La culture Hô Chi Minh rend les hommes désireux de faire le bien, de vivre dans l’amour du travail, l’économie, et l’intégrité, d’associer harmonieusement l’intérêt privé avec le bien commun, d’éviter de nuire à l’intérêt général pour des avantages individuels. Elle exalte l’esprit d’union, la loyauté, la modestie, la simplicité, le travail authentique et effectif, la parole accompagnée d’action. Elle respecte l’environnement naturel et social et le rend propice à la vie humaine. Elle protège la paix et l’amitié entre les peuples.
C’est la culture Hô Chi Minh qui a permis à notre peuple de faire face aux forces agressives du colonialisme et de l’impérialisme. Elle lui a permis de tenir tête, de se lancer dans le combat, d’apprendre à se battre et de vaincre. Elle a appris aux Vietnamiens la fierté, les poussant à vivre dans l’honneur et à mourir dans la gloire.
Le testament rédigé à la fin de sa vie par Hô Chi Minh est une oeuvre culturelle véritablement inestimable. La préférence indiquée par lui pour l’incinération nous entraîne à une réflexion sur la question culturelle de la mort … Certes, il était nécessaire que nous construisions son mausolée pour répondre aux aspirations du peuple. Mais la beauté d’une civilisation où l’on incinère les morts, suggérée par les remarques de Hô Chi Minh, est digne de nous inspirer.
La culture Hô Chi Minh constitue une très grande question qui nécessitera encore une somme importante de travaux et d’études. L’impulsion que nous donnerons à notre culture nationale sur le fondement de la culture Hô Chi Minh créera une motivation morale au sein de l’ensemble du Parti, de l’armée et du peuple. Ainsi, toutes les difficultés et les épreuves seront surmontées, les dangers seront repoussés, l’indépendance nationale sera protégée et assurée, et nous pourrons progresser puissamment et assurément sur le chemin qui mène à la prospérité de notre peuple, à la justice sociale et à la civilisation.
