Eglises d'Asie

Assam : des pourparlers de paix ayant échoué, le mouvement séparatiste bodo a repris la lutte

Publié le 18/03/2010




Depuis le 26 mai dernier, la violence a redoublé dans l’Etat d’Assam, au nord-est de l’Inde. Ce jour-là, s’étaient achevés trois jours de pourparlers entre les représentants du gouvernement fédéral, ceux du gouvernement de l’Etat et de ceux de l’ethnie minoritaire des Bodo. Au cours de cette rencontre, une fois de plus, les séparatistes Bodo ont vu rejetées leurs réclamations autonomistes visant à faire de leur territoire une entité détachée de l’Etat d’Assam dans lequel il est situé actuellement.

Depuis 1987, date à laquelle la lutte des Bodo pour l’indépendance a pris son ampleur actuelle, on déplore des centaines de victimes chez les habitants de la région, appartenant aussi bien aux autres ethnies minoritaires qu’à la population indienne, ces deux parties de la population étant considérées par les Bodo comme des éléments étrangers dans la région. Depuis la rupture de négociations du 26 mai, le conflit s’est encore intensifié. Le 29 mai un Bodo catholique, maître d’école, a été abattu par balles dans sa résidence de Tura (Meghalaya). Bien qu’il soit difficile de déterminer les motivations précises du meurtre, beaucoup, cependant, l’ont attribué à des militants séparatistes. Déjà le 3 mai précédent, avant l’échec des récents pourparlers, treize personnes de l’ethnie Santal avaient été tuées par des militants bodo, alors qu’elles voyageaient en autobus au coeur du territoire bodo. Parmi les victimes, se trouvaient six femmes et un enfant. Un religieux qui travaille dans la région a ainsi présenté le climat qui y règne : La population vit dans la panique et la terreur; personne n’ose sortir de son village“.

Sur une population bodo de 1,1 million on estime à 75 000 le nombre de chrétiens de diverses dénominations. Certains ont accusé les missionnaires chrétiens d’avoir soutenu le mouvement autonomiste des Bodo dans ses premiers développements (9). Aujourd’hui, tout en maintenant que le conflit actuel est essentiellement de nature politique, les dirigeants chrétiens essaient de calmer les esprits et depuis quelques années, on a assisté à de nombreuses tentatives chrétiennes infructueuses pour ramener la paix entre les ethnies rivales (10). Mgr Thomas Menamparampil de Guwahati a ainsi présenté l’objectif actuel des chrétiens : La situation demande que les dirigeants d’Eglise unissent leurs efforts pour alléger la tension et réaliser la paix“.

Les membres de l’ethnie Santal, principaux rivaux des Bodo dans la région, ainsi que les autres habitants du territoire réclamé par les Bodo sont considérés par ceux-ci comme des intrus. Les Santal dans cette région ne constituent pourtant qu’une partie minoritaire de l’ethnie, mais il leur est reproché d’occuper les terres et de contrôler l’économie de la région. Alors que beaucoup de musulmans et d’habitants de la région se sont enfuis ailleurs, des milliers de Santal vivent dans des camps d’hébergement depuis les violences de 1996. Le P. Thiruthany, à Kokrajhar, qui a la charge de huit camps situés sur sa paroisse, estime qu’ils sont 150 000 à vivre dans les camps, d’où ils ne peuvent sortir ni pour revenir dans leurs villages ni pour travailler par crainte de mauvaises rencontres. La situation dans les camps est déplorable et les pensionnaires y souffrent de malnutrition ainsi que de nombreuses maladies.