Eglises d'Asie

Ayodhya : les travaux d’un temple hindou sur le site de l’ancienne mosquée sont déjà entamés

Publié le 18/03/2010




Malgré les déclarations apaisantes que certains de ses porte-parole avaient prononcées au moment de la formation du gouvernement (6), le parti nationaliste indien au pouvoir, le BJP, a pris à la mi-juin un nouveau et brusque tournant et s’est engagé publiquement en faveur de la construction d’un temple hindou sur l’emplacement de la mosquée de Ayodhya, détruite par des fanatiques hindous en 1992. Un de ses représentants, Krishan Lal Sharma, a informé la presse de la décision du parti hindouiste : “Le temple sera construit sur place, a-t-il dit, (…) et si cela est nécessaire, nous ferons voter une loi”. Il a justifié cette construction par les arguments religieux et historiques déjà énoncés maintes fois, en ajoutant que la naissance de la divinité Rama sur ces lieux devait être considérée comme matière de foi pour un hindou.

Cette déclaration vient confirmer des rapports qui, depuis le début du mois, faisaient état de l’avancement des travaux de construction de divers éléments du temple. A deux kilomètres des ruines de la mosquée, sur lesquelles se dresse, depuis les événements de 1992, un petit temple temporaire, des dizaines de sculpteurs cisèlent sur des colonnes de pierre blanche des scènes inspirées des textes sacrés et façonnent des statues de dieux et déesses de taille humaine. Un autre atelier situé dans le Rajasthan au nord-est du pays et à plus de 1000 kilomètres à vol d’oiseau de l’emplacement de l’ancienne mosquée, crée des piliers qui sont envoyés par camion dans la ville sainte de l’Etat d’Uttar Pradesh, lieu du conflit entre hindous et musulmans. Selon un dignitaire religieux hindou, interrogé par l’AFP (7), les travaux qui coûteront des milliers de dollars sont déjà très avancés. 52 des 112 piliers prévus sont déjà achevés. Le temple qui aura deux étages, 106 m de long, 54 m de large et 38 m de haut avec deux étages, pourrait être assemblé dans deux ans, selon un responsable du groupe extrémiste, le Conseil mondial hindou. Certains pensent que le temple sera achevé bien avant.

Toutes ces informations connues depuis quelques temps déjà ont été confirmées par un membre du groupe communiste au parlement indien, Basudev Acharaya, dans une déclaration faite à la presse le 13 juin dernier (8). Certains trouvent encore plus inquiétant pour l’avenir des relations entre hindous et musulmans le fait que le site de l’ancienne mosquée Babri, bâtie au 16ème siècle par un roi moghol, aujourd’hui rasée, est devenu un lieu de pèlerinage hindou. L’atelier de sculpture où se prépare le futur temple est fréquenté par de nombreux touristes. Le site est protégé par des barrières et des gardes armés qui fouillent les visiteurs pour empêcher les sabotages. Les musulmans y sont interdits.

Le gouvernement a plusieurs fois donné l’assurance qu’il n’y avait pas de projet de construction. Le premier ministre, encore tout récemment, s’est engagé publiquement à interdire l’édification d’un temple sur les lieux de l’ancienne mosquée. Cependant, certains membres de son gouvernement sont de plus en plus mal à l’aise dans leurs réponses aux représentants de l’opposition. Le vendredi 5 juin, une tempête s’est élevée au parlement et toute l’opposition a quitté la chambre après les déclarations du ministère de l’intérieur, L.K.Advani, estimées trop évasives. Le ministre avait dit que le gouvernement s’en tiendrait à son programme qui est silencieux sur ce point, alors que le parti qui le soutient, le BJP, avait prévu la construction du temple à l’intérieur de son programme électoral.