Eglises d'Asie

La dette extérieure et ses conséquences sur les catégories les plus fragiles de la population devrait être un souci de l’Eglise

Publié le 18/03/2010




La soeur Arnold Marie Noël s’est fait la porte-parole de l'”Association pour l’effacement de la dette” pour demander à l’Eglise des Philippines de se préoccuper davantage de la dette extérieure contractée par son pays et des conséquences de celle-ci sur les pauvres. “C’est un devoir pour l’Eglise de protéger les personnes, chacune d’entre elles étant importante”, a-t-elle insisté.

La religieuse a mis en relief le fait que beaucoup d’emprunts à l’étranger, particulièrement ceux qui ont été contractés à l’époque du président Ferdinand Marcos, n’ont apporté aucun avantage aux plus démunis. Quelques-uns d’entre eux ont servi à construire de coûteuses et inutiles constructions comme par exemple le “Centre du film”; beaucoup ont tout simplement été empochés par les amis du président. De telles dettes doivent être condamnées comme immorales et l’on ne peut obliger la population à les rembourser. Du point de vue de l’Eglise, a précisé la religieuse, sont seules acceptables les dettes qui contribuent à rehausser la dignité des personnes, par exemple celles qui ont permis l’édification d’infrastructures

Par ailleurs, il arrive que ces dettes soient contractées dans des conditions qui heurtent les catégories les plus fragiles de la population. Ainsi, à l’époque de Marcos, les infirmières et les diplômées des écoles médicales ont été forcées de favoriser la contraception et l’interruption de grossesse parce que le développement de la contraception était une des conditions exigées pour obtenir un emprunt de la Banque mondiale. Il en est aujourd’hui de même avec la privatisation de l’industrie pétrolière exigée comme condition préalable pour un emprunt auprès du Fonds monétaire international. Cette mesure a entraîné l’élévation constante du prix des produits pétroliers.

La religieuse demande également aux évêques catholiques de faire campagne pour le retrait du décret présidentiel 1127 qui prévoit l’appropriation par l’Etat des dettes concernant l’économie générale du pays. C’est une raison de plus d’imposer encore davantage notre population et de réduire les dépenses consacrées aux services de première urgence comme, par exemple, le système hospitalier.

En conclusion, la porte-parole de l’Association pour l’effacement de la dette s’est déclarée en parfait accord avec la proposition d’un des groupes de travail du récent Synode des évêques d’Asie, proposition demandant à l’Eglise de lancer un appel à l’annulation de la dette du tiers-monde à l’occasion du Jubilé de l’an 2000. Par ailleurs, on a appris par l’archevêque de Coatabao, Mgr Orlando Quevedo, que la Conférence épiscopale, pour préparer l’année jubilaire, était en train de rédiger un texte sur l’économie des Philippines, texte qui abordera le problème de la dette extérieure.

En 1998, la dette extérieure totale des Philippines qui se monte à 45,4 milliards de dollars coûtera 6 milliards de dollars. Le président élu Estrada a déclaré qu’il honorerait cette dette bien qu’elle retarde la réalisation des projets gouvernementaux.