Eglises d'Asie

La prière, seule ressource des Indonésiens d’ethnie chinoise durant les émeutes de mai

Publié le 18/03/2010




Les Indonésiens d’origine chinoise se souviennent aujourd’hui avec horreur des journées d’émeute de Jakarta du 12 au 14 mai, journées durant lesquelles chacun pensant sa mort prochaine s’est réfugié dans la prière. Ils sont encore troublés lorsqu’ils en parlent aujourd’hui.

Après que les forces armées eurent abattu quatre étudiants de l’université de Trisakti, le 12 mai, des émeutes éclatèrent dans la capitale et d’autres grandes villes. Elles ont pris pour cibles principales les maisons et propriétés d’Indonésiens d’ethnie chinoise, qui furent pillées et détruites. Certaines familles ayant déjà le passeport en main purent gagner l’aéroport pour se réfugier à Singapour ou à Hongkong, ou dans certaines régions d’Indonésie plus sûres pour elles. Cependant, beaucoup d’autres s’enfermèrent dans leurs habitations et s’abîmèrent dans la prière.

Wilfridus Liaw Siat Sang, du village de Kampung Duri, à l’ouest de Jakarta, a raconté qu’alors que la manifestation descendait la rue où il habitait, lui, sa femme et ses trois enfants, enfermés à clé dans la chambre à coucher de leur maison priaient ensemble: Lorsque les émeutiers ont commencé à cribler de pierres notre maison et à briser toutes les vitres de nos fenêtres, nous fûmes terrorisés. Nous ne savons plus combien ce moment terrifiant a duré, mais, Dieu merci, les manifestants ne sont pas rentrés et n’ont pas incendié notre maison“. Le témoin appréhendait surtout l’incendie de sa maison, mais constatant que les émeutiers étaient des voisins, il fut rassuré, convaincu que ceux-ci n’oseraient pas mettre le feu à la maison sous peine d’incendier leurs propres habitations.

Budi Rahardjo était dans la rue contemplant le pillage et l’incendie du centre commercial, ignorant que les émeutiers s’en prenaient aussi aux maisons chinoises. De loin, il a vu les manifestants essayer de forcer la porte métallique de sa maison. N’y réussissant pas, ils sont montés sur un poteau électrique et, de là, se sont introduits au premier étage. L’épouse du témoin et ses deux enfants réussirent alors à s’enfuir par la porte de derrière tandis que les émeutiers se livraient au pillage de tous les biens contenus dans la maison, y compris l’appareillage professionnel et la batterie de cuisine.

Un prêtre de la paroisse du village de Kampung Duri a révélé à l’agence de presse UCAN qu’après les émeutes, les paroissiens chinois avaient un grand besoin de visites pastorales pour les aider à se relever du traumatisme subi. Le prêtre leur conseille surtout la patience et la méfiance, puisqu’ils ne peuvent pas savoir qui sont aujourd’hui les amis et les ennemis. Beaucoup de ceux que nous avons aidés pendant la crise économique, a-t-il fait remarquer, étaient ensuite parmi ceux qui, plus tard, ont pillé les biens de nos paroissiens chinois.