Eglises d'Asie

Le Comité d’union du catholicisme serait victime de l’esprit anticommuniste des milieux catholiques

Publié le 18/03/2010




Le problème du Comité d’union du catholicisme et de son statut à l’intérieur de l’Eglise vient d’être brutalement posé à nouveau par un article paru dans “Catholicisme et Nation”, qui est l’organe de ce comité à Hô Chi Minh-Ville (18). Intitulé “Le Comité d’union du catholicisme : qui le soutient, qui s’y oppose et pourquoi l’article essaie d’analyser les motivations profondes de la méfiance nourrie contre ce mouvement à l’intérieur des milieux catholiques.

Pour le moment, affirme d’emblée le P. Truong Ba Cân, auteur de ce texte, seuls le Parti, les autorités et le Front patriotique soutiennent sans réserve le comité et crée pour lui des conditions favorables. Dans l’Eglise, continue le rédacteur en chef de la revue, il y a toujours quelqu’un pour essayer de le saboter et cela constitue notre difficulté la plus grande et la plus persistanteS’interrogeant sur le motif d’une telle malveillance, le père rejette tout de suite l’argument avancé quelquefois, à savoir la crainte de voir s’établir au Vietnam une Eglise patriotique du type chinois. Au Vietnam, les autorités s’adressent et discutent directement avec la hiérarchie de l’Eglise lorsqu’il s’agit de traiter des questions religieuses. Le Comité n’est considéré par le pouvoir que comme une organisation destinée à mobiliser les milieux catholiques à l’oeuvre commune. Personne ne croit plus à la possibilité d’une Eglise autonome, souligne l’article.

Ce n’est donc pas un motif religieux qui anime les détracteurs du comité. La vraie raison est à chercher ailleurs : certains ne veulent pas que les catholiques collaborent avec les communistes car ils contribuent à la consolidation de ce régime. C’est la raison pour laquelle en 1951, une lettre des ordinaires d’Indochine défendaient aux catholiques de collaborer avec les communistes. De même, pour les mêmes motifs en 1954, la première organisation préconisant la collaboration des catholiques avec le gouvernement au nord, le Comité de liaison des catholiques, fut l’objet de l’ostracisme général. Le phénomène se reproduisit après la libération du sud-Vietnam en 1975. Un fond d’anticommunisme profond imprègne les catholiques vietnamiens qui pensent que sous ce régime, la religion ne peut qu’être limitée ou persécutée.

Cependant cette opposition aurait beaucoup baissé d’intensité à l’intérieur même du Vietnam. C’est surtout à Rome, selon le P. Trung Ba Cân, qu’il faudrait aujourd’hui chercher la source de l’opposition au Comité d’union, chez un groupe d’ecclésiastiques vietnamiens qui y sont en fonction. C’est à leur influence qu’il attribue une déclaration romaine datée du 8 mars 1982 défendant aux prêtres de participer à des associations politiques et surtout, en 1992, la lettre du cardinal Sodano au président de la Conférence épiscopale du Vietnam (19) demandant aux prêtres vietnamiens de ne point participer au Comité d’union. Selon l’article, cette lettre aurait eu l’effet inverse puisque le nombre de prêtres affiliés au mouvement aurait augmenté après cette mise en garde.

Selon la revue “Catholicisme et nation”, le droit canon comporte une disposition qui justifie l’existence du Comité. L’interdiction pour les prêtres de participer à des mouvements politiques est assortie d’une disposition qui prévoit que les ordinaires peuvent permettre cette participation pour le bien de l’Eglise. C’est sur ce point du droit canon que ce serait appuyé Mgr Nguyên Van Binh, dont le P. Cân détaille la collaboration avec le Comité d’union. Tout en signalant, documents à l’appui, qu’en dernier ressort, Mgr Nguyên Van Binh s’était prononcé pour le retrait des prêtres hors du Comité, le prêtre affirme qu’il n’est pas possible que ceux-ci soient remplacés par des laïcs, car le Comité est une organisation politico-sociale des milieux catholiques, composés de prêtres et de laïcs.

En conclusion, l’article laisse entendre que le Comité jouirait de l’appui tacite du nouvel archevêque, qui s’est pourtant montré très réservé à ce sujet dans une interview accordée à la revue.