Eglises d'Asie

Le gouvernement est invité à élargir l’amnistie à toutes les catégories de prisonniers politiques

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de militants des droits de l’homme reprochent aujourd’hui au nouveau président indonésien de limiter l’amnistie à certaines catégories de prisonniers politiques alors que le devoir de réconciliation nationale exige que celle-ci soit accordée à tous sans distinction.

Le 29 mai dernier, deux jours après la libération des deux premiers prisonniers politiques (11), Gustave Dupe, secrétaire de l’Institut des Eglises protestantes pour le service des prisonniers, dans une lettre ouverte envoyée à la présidence, a demandé pourquoi les communistes, les séparatistes et les étudiants du mouvement pro-démocratique ont été exclus de la liste des prisonniers susceptibles de bénéficier de l’amnistie. La lettre appelle le président à libérer tous les prisonniers politiques sans discrimination.

De même, un communiqué de presse paru le même jour et émanant de l’Association indonésienne pour les droits de l’homme et l’aide légale reproche également au gouvernement son manque de générosité dans la libération des prisonniers. Il demande, lui aussi, la libération immédiate de tous les prisonniers politiques sans condition et sans discrimination. Le gouvernement, en annonçant les premières libérations, avait, en effet, spécifié que ces mesures ne toucheraient pas les communistes, les séparatistes et ceux qui s’étaient rendus coupables de crimes de sang.

La plupart des authentiques prisonniers communistes sont incarcérés depuis trente ans et sont âgés aujourd’hui de plus de 70 ans. Leur état de santé est délabré et, selon, un militant catholique qui les fréquente, ils ont déjà un pied dans la tombe. Les militants du Parti démocratique du peuple, beaucoup plus jeunes et sans rapport avec les premiers, sont, eux aussi, considérés comme des communistes. Il sont eux aussi accusés de professer l’idéologie marxiste-léniniste et, pour cela, exclus de la liste des amnistiés. Ils n’avaient pas pourtant été arrêtés pour activités communistes, mais pour avoir participé aux émeutes de juillet 1996, qui avaient suivi le coup de force mené avec l’aide du gouvernement contre l’Etat-major du parti démocratique indonésien (12).

Récemment, le gouvernement est revenu, en partie, sur son intention d’écarter les militants indépendantistes du Timor oriental. Le 10 juin, le ministre de la justice a annoncé la libération de 15 militants timorais arrêtés en diverses manifestations. Ceux-ci ont effectivement été libérés deux jours plus tard (13).