Eglises d'Asie – Timor Oriental
Lors d’une rencontre avec Mgr Carlos Belo, le président Habibie promet un retrait graduel des troupes indonésiennes hors du territoire du Timor oriental
Publié le 18/03/2010
A l’issue de cette rencontre à laquelle assistait aussi le ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, Mgr Belo a annoncé que le gouvernement indonésien allait étudier un retrait graduel des troupes hors de l’ancienne Timor oriental : « Ils (les Indonésiens) étudieront le problème et retireront les troupes graduellementa-t-il déclaré à la presse. Il a cependant souligné que ni la question du referendum réclamé par les indépendantistes, ni celle du statut d’autonomie proposé quelques jours auparavant par le président Habibie n’avaient été évoquées au cours des entretiens. Dans une conférence de presse plus détaillée, le 26 juin, Mgr Belo a invité la population a abandonner les manifestations et de s’en tenir au dialogue pour progresser vers le referendum sur l’autodétermination.
Même si, encore aujourd’hui, les principaux dirigeants de l’indépendance timoraise, ainsi que le gouvernement portugais montrent beaucoup de suspicion vis à vis des ouvertures du nouveau régime, on ne peut nier que l’atmosphère a changé. Les événements du mois de mai, la chute du régime Suharto et l’arrivée d’un nouveau président auront eu pour effet secondaire de relancer le problème de l’indépendance du Timor en donnant l’occasion à ses partisans et à leurs adversaires de faire connaître leurs intentions et leurs positions. L’apparente volonté de réforme et l’ouverture plus grande régnant aujourd’hui à Jakarta ainsi que plusieurs gestes du gouvernement en direction des contestataires timorais ont donné un élan nouveau au mouvement et sensibilisé l’opinion sur cette question.
Le président Habibie, qui avait déjà annoncé qu’il mènerait sur ce point une politique ouverte, avait, en effet, indiqué dès le lundi 8 juin, que le Timor oriental pourrait obtenir un statut spécial, sans préciser davantage ni entrer dans les détails. Le même jour, le ministre des Affaires étrangères, Ali Alatas, invitait Lisbonne, avec qui l’Indonésie est en pourparlers à ce sujet depuis 1983, à « bouger dans ses positions« . Le 10 juin, la libération de 15 jeunes partisans de l’indépendance était annoncée par le ministère de l’intérieur. Il est vrai que plusieurs d’entre eux achevaient leur peine dans la semaine.
Profitant des premières brèches ouvertes dans la politique indonésienne, au cours de cette même semaine, les étudiants de l’université Timor Timur de Dili ont tenu un forum de trois jours, qui a réclamé l’autodétermination du pays par voie de référendum et affirmé que ne serait pas acceptée l’intégration de Timor ni dans l’Indonésie, ni dans le Portugal. Il a aussi rejeté le « statut spécial » de Timor proposé par le nouveau président. Vendredi 12 juin, alors que les jeunes militants est-timorais amnistiés quittaient leur prison de Delhi, 1 500 jeunes militants ont manifesté à Jakarta devant le ministère des Affaires étrangères, réclamé l’autodétermination du Timor oriental et la libération de Xanana Gusmao, dirigeant du Front de libération du Timor oriental (FRETILIN). L’armée a violemment réprimé la manifestation et amené les manifestants dans des autobus spéciaux vers des centres de regroupement. Plusieurs étudiants et un soldat ont été blessés. Le lendemain, 13 juin, l’agitation a repris à l’université de Timor Timur de Dili où plus de mille étudiants ont répété les mêmes slogans que la veille à Jakarta, en dépit d’une sévère mise en garde du gouverneur de la province, José Osorio Abilio Soares.
Le lundi 15 juin, un petit groupe d’étudiants a remis à Mgr Belo une pétition exigeant la tenue d’un référendum, le retrait des troupes indonésiennes occupant le territoire timorais depuis 1975 et la libération de Xanana Gusmao. Quelque temps auparavant, ils avaient remis une requête identique au parlement local.
Pendant ce temps le nouveau gouvernement indonésien n’a cessé de marquer les limites de la libéralisation consentie par lui. En particulier, le jour même où était remise la pétition des étudiants, le 15 juin, le ministre des Affaires étrangères déclarait publiquement que toute proposition de référendum au Timor oriental était aussi « inacceptable » qu’inapropriée. Dans cette même déclaration, il a souligné que ceux qui criaient le plus haut aujourd’hui pour réclamer un referendum, les dirigeants du FRETILIN étaient les mêmes qui, en 1975, prétendaient résoudre la question par la force des armes.
Il est possible que l’effet « boule de neige » et la pression étrangère poussent les autorités indonésiennes a assouplir leurs positions et à faire de nouvelles ouvertures. Déjà le ministre des Affaires étrangères a remis au secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, de nouvelles propositions qui n’ont pas été rendues publiques mais sont déjà entre les mains du ministre des Affaires étrangères portugais qui a fait remarquer: « Il faut voir si tout cela n’est que des mots ou s’il y a effectivement un contenu