Eglises d'Asie

L’archevêque de Hô Chi Minh-Ville et le gouvernement expriment successivement leur point de vue sur la liberté religieuse au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Indirectement, par l’intermédiaire d’agences de presse, une courte controverse a opposé les autorités vietnamiennes au nouvel archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Pham Minh Mân, à l’occasion du séjour de celui-ci à Rome, où il était venu recevoir du Saint Père le pallium, insigne de sa fonction de métropolite. L’agence Fides a rapporté dans une dépêche datée du 29 juin certains propos du nouvel archevêque faisant une discrète allusion à certaines libertés manquantes et suggérant que la loi en ce domaine devrait changer. Il ajoutait que l’initiative d’un tel changement revenait au gouvernement.

Interrogé, le 2 juin 1998, par l’agence AFP sur les propos de Mgr Mân, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a refusé de commenter directement les déclarations du prélat et son appel à une totale liberté de religion. Il s’est contenté de défendre l’actuelle politique de tolérance religieuse pratiquée par le gouvernement vietnamien. Il en a donné comme preuve l’augmentation actuelle du nombre de fidèles au Vietnam, alors que ce nombre est en régression dans beaucoup d’autres pays. D’autres chiffres ont été utilisés par lui pour marquer le dynamisme des religions en République socialiste du Vietnam. Pour les catholiques, il a cité l’ordination de 600 prêtres durant les neuf ans écoulés, l’existence de six séminaires où 1 000 étudiants se forment au sacerdoce. Du côté bouddhiste, il a fait état de 100 000 pagodes, 30 000 bonzes et 30 écoles de formation du clergé. Selon le représentant des Affaires étrangères, ce sont autant de preuves que, depuis sa création, l’Etat vietnamien a toujours respecté la liberté religieuse et le droit des citoyens d’adhérer à une croyance.

D’autres sujets délicats ont été abordés par Mgr Mân dans son entretien avec l’agence de presse romaine. Il a répété quelle était son attitude vis-à-vis du Comité d’union du catholicisme et des prêtres membres du Front patriotique, en des termes analogues à ceux qu’il avait employés précédemment au Vietnam (10). Si les personnes qui travaillent au Front veulent vraiment être unies avec tous les chrétiens, ce peut être un bien. Mais s’ils apportent la division, ce n’est pas un bienIl a aussi déclaré que le P. Huynh Công Minh, qu’il a nommé vicaire général du diocèse, confirmant ainsi le choix de ses deux prédécesseurs, n’est plus membre du Front patriotique.

Cependant, dans son entretien, le responsable du diocèse de Saigon a surtout insisté sur le travail qu’il était nécessaire d’accomplir en de très nombreux domaines, liturgique, pastoral, missionnaire, après cinq ans de vacance de siège. Il a évoqué l’existence de divisions à l’intérieur de la communauté chrétienne, qui ne sont pas seulement dues à la politique. Sa vision de l’ensemble des problèmes du diocèse, a-t-il ajouté, est encore loin d’être complète. L’archevêque a tout juste commencé à poser les bases du synode qu’il a annoncé en prenant possession du diocèse. Cette assemblée diocésaine qui sera dans la lignée du Synode des évêques d’Asie se réunira peutêtre en l’an 2000.

Enfin, Mgr Mân a révélé les propositions de coopération dans le domaine social faites à l’Eglise par le président du Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville. L’archevêque a demandé que les activités de ce type soient légalisées. Peu le sont à l’heure actuelle. Il lui a été répondu qu’elles le seraient, mais à plusieurs conditions. Les participants devraient avoir suivi des sessions d’apprentissage professionnel. Ces services sociaux devraient être indépendants des Eglises, et autonomes par rapport à la religion.

Il existe à Hô Chi Minh-Ville, un certain nombre d’activités sociales et éducatives de l’Eglise reconnues par les autorités. Il s’agit avant tout d’écoles maternelles et de jardins d’enfants tenus par les religieuses, d’écoles de “l’affection”, de bibliothèques et de dispensaires mis en place souvent dans le cadre des paroisses. Mais les écoles maternelles, écoles de “l’affection”, autres services sociaux ou de santé, fonctionnant sans autorisation formelle, sont aussi en nombre considérable.