Eglises d'Asie

Le Bureau politique publie une directive sur la religion à l’issue d’une session d’études de deux jours sur ce sujet

Publié le 18/03/2010




Le 2 juillet 1998, le Bureau politique a publié des directives concernant la religion, à l’issue d’une réunion de deux jours, les 22 et 23 juin, durant laquelle il a débattu de la question religieuse. Le texte a été largement diffusé sous plusieurs formes. Le sommaire de ce document a été publié quelques jours plus tard par l’intermédiaire d’un article du Nhân Dân. Les grandes lignes de ce texte nous sont aussi connues par le biais de l’Agence Vietnam News et du site officiel du Vietnam sur Internet (11). Il est extrêmement rare que ce type de directives concernant la religion soit rendu public. Le Bureau politique ne s’adresse généralement pas directement à la population tout entière mais principalement au Parti et à ses organes. Ses instructions en matière de politique religieuse sont généralement destinées aux cadres du Bureau des affaires religieuses qui les transforme en décrets par l’intermédiaire du premier ministre ou du Front patriotique qui les diffuse ensuite. C’est pourquoi il y a lieu de s’interroger sur les raisons de la diffusion de ce curieux document.

Comme l’a fait remarquer une personnalité catholique vietnamienne, à l’exception de la dernière partie qui annonce une ordonnance sur la religion, il n’y a rien dans ce document de fondamentalement nouveau par rapport à d’autres textes concernant ce même domaine. Comme la plupart des instructions de ce genre, la nouvelle directive se présente d’abord sous la forme d’un véritable traité du bon et du mauvais usage de la religion. Cet usage est correct lorsqu’il pousse le croyant à défendre le pays et son indépendance, lorsque les activités religieuses servent le pays, la population. On fait un mauvais usage des croyances en poursuivant des objectifs exactement contraires, à savoir la déstabilisation de l’ordre social, l’abandon des devoirs civiques, la mise en cause des valeurs morales et culturelles du pays.

Cependant, l’usage de la religion est également jugé légitime lorsqu’il apporte de précieuses valeurs d’appoint à la société dans le domaine de la morale et de la culture. Cet apport de la religion est jugé d’autant plus important aux yeux du Politburo, que l’érosion des valeurs culturelles dans la société vietnamienne est un de ses grands soucis actuels et qu’il vient de consacrer une bonne partie de son 5ème plenum (6 au 14 juin) à ce thème et à celui de l’identité culturelle vietnamienne. Les faits négatifs ont tendance à s’accroître dans plusieurs domaines de notre vie culturelle et spirituellea déclaré le secrétaire général Lê Kha Phiêu, lors de l’ouverture du plenum. Il a encore ajouté: La dégradation idéologique et morale, le mode de vie malsain d’une partie des cadres, des membres du Parti et de la population entravent non seulement le développement du pays mais constituent aussi des risques pour le Parti“.

Cependant, il est possible que ces conseils donnés aux croyants, déjà fort connus de tous, soient moins remarqués que la dernière partie du texte qui annonce le projet d’une ordonnance portant sur l’ensemble des activités religieuses, ordonnance qui serait présentée à l’approbation de l’Assemblée nationale. Une telle loi serait un événement. Dans le domaine religieux, il n’existe pour le moment que des décrets (12), émanant, la plupart, du Conseil des ministres. Voilà déjà longtemps que le P. Phan Khac Tu, député à l’Assemblée nationale, essaie d’intéresser les députés vietnamiens au vote d’un code législatif régissant l’exercice des religions (13). Ses tentatives avaient jusqu’ici été infructueuses, d’autant plus qu’elles n’étaient guère encouragées par la hiérarchie catholique qui redoute toute nouvelle réglementation en ce domaine.

Il faut enfin noter que la directive du Bureau politique annonce aussi la publication par le gouvernement de diverses réglementations et orientations concrètes dans des domaines aussi controversés que l’usage des terrains, les finances des oeuvres caritatives. Enfin, le gouvernement se propose de créer une maison d’édition chargée de publications dans le domaine religieux.