Eglises d'Asie

34 passages de la traduction vietnamienne du catéchisme de l’Eglise catholique ont été supprimés par la censure

Publié le 18/03/2010




La traduction vietnamienne officielle du catéchisme de l’Eglise catholique vient de paraître. Elle était attendue depuis déjà six ans. Elle avait été, certes, précédée de deux traductions dues à l’initiative privée: la première était parue en 1993 et ronéotypée à 2500 exemplaires; la seconde publiée en 1995 pour couvrir les besoins des religieux salésiens, n’avait été diffusée qu’à quelques centaines d’exemplaires. Mais aucune de ces deux publications n’avait reçu l’approbation des autorités civiles et religieuses.

La nouvelle version est le fruit du travail d’un groupe composé de cinq prêtres, cinq religieuses et deux laïcs, à qui l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville avait confié la tâche de traduire le catéchisme en vietnamien dès la fin de l’année 1992, deux mois seulement après la parution de la version officielle à Rome. Le travail de l’équipe s’est avéré relativement rapide et efficace puisque, dès le 19 juillet 1993, une première version de la traduction a été présentée à l’archevêché. Cependant, il aura fallu attendre cinq bonnes années encore et, semble-t-il, de nombreuses tractations entre les censeurs gouvernementaux et les responsables religieux du travail de traduction avant qu’elle soit imprimée, puis diffusée. Si l’on en croit les notations des premières pages, l’autorisation des autorités civiles a été donnée le 12 janvier 1997, la présentation par les autorités du diocèse de Hô Chi Minh-Ville est datée du 26 septembre 1997.

Les premiers acquéreurs des 3 000 exemplaires de la première édition, se sont d’abord réjoui de la bonne présentation extérieure de l’ouvrage, puis sont allés de surprise en surprise, particulièrement lorsqu’ils ont entrepris la lecture de la troisième partie qui, comme on le sait, concerne la vie de foi dans le ChristCette partie du catéchisme a été soumise à un examen particulièrement sévère de la part de la censure gouvernementale qui a caviardé le texte en fonction de ses propres critères idéologiques. Le résultat en est 34 passages du catéchisme supprimés et laissés en blanc par les imprimeurs, si bien qu’il est tout à fait commode de repérer les passages désapprouvés par les autorités. La plus courte de ces coupures comprend seulement trois mots. Dans un passage mettant en garde contre des interventions outrancières de l’Etat susceptibles de menacer la liberté individuelle, les mots de l’Etatont été supprimés. Ailleurs, les suppressions sont plus longues et peuvent concerner des phrases tout entières. On a censuré par exemple une phrase affirmant que l’Eglise rejetait les idéologies totalitaires et athées sous leurs formes marxistes ou socialistes, tandis qu’on ne touchait pas à la condamnation suivant immédiatement celle-là, concernant, elle, l’individualisme et le libéralisme économique sans conscience. La plupart des amputations subies par le texte sont en rapport avec des points de la morale chrétienne en désaccord avec l’idéologie officielle.

Arrivés à la fin du livre, les lecteurs ont éprouvé une deuxième surprise, lorsqu’ils découvert un encart de trois pages contenant le texte intégral de tous les passages supprimés par la censure avec leurs références dans le livre. N’ayant pu s’opposer au caviardage du livre opéré par l’imprimerie qui, comme toutes les imprimeries au Vietnam, est directement soumise à l’Etat, les responsables de la diffusion ont inséré cet encart dans tous les livres mis en circulation. Cet encart annule, avec un certain humour, le diligent travail des censeurs d’Etat, travail qui n’a d’équivalent dans aucun des autres pays où le document romain a été traduit, comme l’a fait remarquer un commentateur de Saigon (14).