Eglises d'Asie

La condamnation posthume des écrits du P. Anthony De Mello par le Vatican suscite des réserves chez ses confrères jésuites

Publié le 18/03/2010




Tout en reconnaissant que certains écrits attribués à leur confrère, le P. Anthony De Mello, sont critiquables, des jésuites indiens estiment que la condamnation par le Vatican de ses écrits semble provenir d’un malentendu. Le P. Anthony De Mello est décédé en 1987.

Une note du 22 août de la Congrégation pour la doctrine de la foi dit en effet que quelques-unes des vues du P. Anthony De Mello sur les religions et sur Dieu sont incompatibles avec la foi catholique et peuvent causer du tortLa congrégation romaine ajoute que ceux qui ont la responsabilité de préserver la doctrine de la foi sont obligés de prévenir les dangersque font courir les écrits du maître spirituel indien. Le Vatican critique les travaux du jésuite pour leur présentation de Dieu comme une réalité cosmique impersonnelle, et de Jésus comme un maître parmi beaucoup d’autres. Une lettre datée du 23 juillet 1998 et signée par le cardinal Joseph Ratzinger avait déjà demandé aux évêques de retirer de la vente les livres du P. Anthony De Mello.

Le provincial jésuite de l’Inde du sud, le P. Lisbert D’Souza, a déclaré, le 25 août, que le Vatican a le droit d’interdire les écrits du P. De Mello qu’il estime être en contradiction avec les principes fondamentaux de la foi chrétienneIl ajoute cependant aussitôt : J’estime néammoins que quelquesunes des intuitions spirituelles de ces écrits sont mal interprétées parce qu’elles ont été reprises et publiées différemment par quelquesuns de ses disciples, sans sa permission et sans même qu’il en soit informéLe P. D’Souza précise que les jésuites de l’Inde n’acceptent que neuf livres comme étant les oeuvres du P. De Mello, et ces neuf livres ont été publiés par une maison d’éditions jésuite de l’Etat du Gujarat. Selon le P. D’Souza, la plupart des écrits controversés proviennent de faux ou de livres publiés sans autorisation : Il est triste de constater que quelquesuns des sermons du P. De Mello ont été reproduits, de manière extrémiste, par ses disciples et par des maisons d’édition, sans sa permission et sans la nôtreIl observe par ailleurs que les écrits de son défunt confrère n’étaient pas seulement destinés à un public chrétien mais à des fidèles de toutes les religions : Il prêchait sous forme d’histoires et d’anecdotes puisées dans les traditions chrétienne, hindoue, bouddhiste et musulmane. Ses homélies n’étaient pas des traités de doctrine sur la foi catholique et ne devraient pas être considérés comme des interprétations théologiques de la foi chrétienneFinalement, le supérieur jésuite a ajouté que des théologiens de sa congrégation étaient en train d’étudier la note du Vatican.

De son côté, le P. Samuel Rayan, théologien jésuite indien très connu, a déclaré, le 26 août, qu’en interdisant les écrits du P. De Mello, le Vatican utilisait l’épée contre la plumeIl a ajouté : Plutôt que de déclarer que les écrits du P. De Mello sont incompatibles avec la foi chrétienne, le Vatican aurait relever les passages qui donnent prise à la critique et les étudierSelon lui, une condamnation générale de la part du Vatican ne résout aucun problème parce que les livres du P. De Mello sont très populaires et jouissent d’une très vaste audience

Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la Conférence épiscopale indienne, a déclaré quant à lui que le Vatican a le devoir d’interdire des écrits quand ils contiennent une critique sans discernement de l’Eglise et de la foi catholiqueIl a avoué cependant avoir lu deux des livres du P. De Mello et les avoir trouvés très intéressantsIl était un bon guide spirituel et un grand prédicateura-t-il ajouté.