Eglises d'Asie

Le Bureau International du Travail demande aux Etats d’Asie du sud-est de reconsidérer la question de la prostitution

Publié le 18/03/2010




Les gouvernements d’Asie du sud-est doivent reconsidérer leur approche du problème de la prostitution à la lumière des quelques milliards de dollars que rapporte cette industrie dans leur région, a déclaré un rapport du Bureau international du travail (BIT), “Le secteur du sexe: bases économiques et sociales de la prostitution en Asie du sud-estrapport de 232 pages publié à Manille le 18 août et couvrant l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande. Le jour de la publication, une représentante du BIT, Lin Lean Lim, a déclaré qu’une reconnaissance gouvernementale de cette industrie comme secteur économique assurerait à ceux qui y travaillent les mêmes garanties, les mêmes droits, les mêmes programmes de protection sociale et de santé que les autres travailleurs. Elle a expliqué que le commerce du sexe possède ses structures organisationnelles, des intérêts nationaux et internationaux qui font qu’il est comparable aux autres secteurs économiques.

La prostitution fournit un revenu national important et des emplois à un grand nombre de gens qui, non seulement directement concernés mais aussi indirectement, en tirent de quoi vivre ou quelques revenus, de la même façon que ceux des industries du divertissement ou du tourismea ajouté la représentante du BIT qui, par contre, condamne catégoriquement la prostitution des enfants. A un forum organisé par l’Association des correspondants étrangers aux Philippines, elle a précisé que le BIT avait décidé d’entreprendre cette étude parce qu’il s’agissait des droits de l’homme, de l’emploi et des conditions de travail, de la discrimination des femmes et de leur exploitation commerciale mais surtout de celles des enfants. Dans le cas de la prostitution des enfants, il ne s’agit pas d’une question de violation ou non des droits de l’homme. Il s’agit d’une forme intolérable du travail des enfants et le but est sa totale élimination

Le point de vue soutenu par le Bureau international du travail a soulevé une certaine émotion dans les pays concernés. Les médias du 21 août rapportent que la Malaisie et l’Indonésie ont critiqué ce rapport. Ce dernier pays a déclaré que cette demande de reconnaissance de l’industrie du sexe était inacceptable du point de vue religieuxLa Malaisie s’est interrogée sur l’exactitude de ce rapport, prétendant que les gouvernements ne possédaient pas de statistiques fiables sur la prostitution. La représentante du mouvement ProLife Philippinesa aussi fait remarquer que, à bien des points de vue, la prostitution est une exploitation et elle a indiqué que son gouvernement concentrait ses efforts sur les conditions qui provoquent l’essor de la prostitution et s’efforçait de créer plus d’emplois pour les femmes plutôt que d’essayer de donner une protection légale aux prostituées.

D’après le rapport du BIT, le secteur du sexe dans les quatre pays étudiés représente 2 à 14 % du produit intérieur brut. Ces revenus sont répartis entre les prostituées, leurs familles, les souteneurs et, grâce aux pots-de-vin, les fonctionnaires. L’Etat bénéficie également du revenu de la prostitution par le biais des taxes sur les licences, les hôtels, les bars et les restaurants. Le rapport estime que de 1993 à 1995, l’industrie de la prostitution en Thaïlande avait généré de 22,5 à 27 milliards de dollars, dont 300 millions versés annuellement aux familles rurales par les femmes venues travailler en ville. Les chiffres officiels indiquent qu’il y a 65 000 prostituées dans le pays. Officieusement, leur nombre serait estimé de 200 000 à 300 000. L’estimation du nombre des prostituées se situe entre 100 000 et 600 000 aux Philippines, entre 140 000 et 230 000 en Indonésie et entre 43 000 et 142 000 en Malaisie, le chiffre le plus élevé étant “le plus probable“. Le commerce du sexe est illégal aux Philippines et en Thaïlande mais légal en Malaisie et en Indonésie. Par contre, dans ces quatre pays, il est illégal de vivre des revenus des prostituées.