Eglises d'Asie

L’engagement politique des catholiques prend des formes divergentes alors que les partis se multiplient

Publié le 18/03/2010




A la faveur de la libéralisation politique qui a suivi la chute de l’ancien président Suharto, une soixantaine de partis politiques appartenant à diverses obédiences ont déjà vu le jour dans le pays. Beaucoup d’entre eux sont nés dans la mouvance des diverses tendances qui animent aujourd’hui l’islam indonésien. Mais une certaine effervescence politique règne aussi dans les milieux chrétiens qui restent divisés sur la nécessité de fonder ou non des partis d’inspiration confessionnelle.

Le groupe de 17 intellectuels catholiques et protestants qui, le 5 août dernier, à Jakarta, a fondé le “Parti démocratique patriotique” (Partai Demokrasi Kasih Bangsa) a choisi de ne faire aucune référence explicite au christianisme. Son président, Manase Malo, de confession protestante, professeur de sciences sociales à l’université d’Etat de Jakarta, a déclaré que le nouveau parti adoptait le Pancasila comme idéologie fondamentale et s’appuyait sur des valeurs comme l’amour, la solidarité, la tolérance, la justice, la vérité, le courage et le dévouement à la nation et à l’Etat. Cependant, les convictions chrétiennes des fondateurs du parti ne sont pas tout à fait dissimulées puisque l’on peut lire dans un extrait de leurs déclarations : Nous croyons que tous les êtres humains sont créés par Dieu à son image et qu’ils doivent être traités en accord avec cette nature qui dans la vie nationale prend la forme des droits de l’homme“.

Les 200 militants catholiques venant des 27 provinces indonésiennes, qui se sont rassemblés du 12 au 15 août dans la capitale du pays pour débattre de la nécessité de restaurer le parti politique catholique du pays, ont fait un choix d’un autre type encore, celui de se tenir à une certaine distance des débats et des luttes politiques. Ils ont refusé de fonder un nouveau parti et ont créé le Forum de la société catholique indonésienne“. Le président du Forum, Richardus Djokopranoto, a déclaré à la presse que la nouvelle association voulait se tenir à l’écart de l’actuel mouvement de création de nouveaux partis et se donnait pour mission de propager une spiritualité chrétienne et une éthique responsable dans la vie socio-économique et politique. Conformément à l’esprit de Gaudium et spes“, les membres du Forum oeuvrent pour que l’action politique des chrétiens soit guidée par leur conscience chrétienne, ce qui ne les empêche pas d’être en accord profond avec l’idéologie nationale du Pancasila et de prôner le dialogue avec les adeptes d’autres religions.

La prise de distance du Forum de la société catholique indonésiennepar rapport à l’ancien parti catholique et aux nouveaux partis politique n’a cependant pas empêché la création d’un nouveau parti spécifiquement catholique. Fondé le 21 août dernier, il s’appelle le “Parti démocratique catholique” et son président, Markus Mali, s’est expliqué publiquement sur cette appellation : Le terme ‘catholique’ utilisé dans l’appellation implique que le Parti s’appuie sur les aspirations catholiques. Cependant son combat est au service de toute la nation et pas seulement des catholiquesCette création est jugée positive par certains anciens militants de la tendance du “Parti démocratique indonésien” dirigée par Megawati Sukarnoputri. L’un d’eux a déclaré que le nouveau parti ne sera pas sectaire et a ajouté que son succès dépendrait de sa capacité à se mettre au service de toute la nation.

Une autre orientation politique des milieux catholiques s’est fait jour avec la participation de certains d’entre eux à un nouveau parti interreligieux, le “Parti national libre”, créé le 18 août 1998. Celui-ci est animé par un collectif composé de huit dirigeants, chacun d’eux issu des huit secteurs sociaux appelés piliersreprésentés à l’intérieur de ce parti. Six de ces secteurs sont constitués par les six plus grandes religions du pays, parmi lesquelles le catholicisme.