Eglises d'Asie

Une vingtaine de personnalités religieuses, dont neuf prêtres catholiques, ont eu la permission officielle de se rendre en Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Le 11 août 1998, neuf prêtres catholiques sud-coréens, appartenant à l’Association des prêtres pour la justice, sont entrés en Corée du Nord par Pékin. C’est la première fois depuis la guerre de Corée que des prêtres catholiques peuvent entrer en Corée du Nord avec la bénédiction officielle des deux gouvernements.

Le ministère sud-coréen de la réunification a accordé cette permission, sous condition que les autorités du Nord n’utilisent pas ce voyage à des fins politiques. La date prévue pour la visite était en effet hautement symbolique, puisque les Coréens célèbrent le 15 août leur libération de la colonisation japonaise.

D’autres personnalités religieuses dont trois dirigeants bouddhistes, quatre représentants du Conseil national des Eglises protestantes, ainsi que Mgr Michel Park Jeon-il, évêque catholique de Masan, et le P. John Kim Mong-eun, de l’archidiocèse de Séoul, ont aussi obtenu la permission gouvernementale de se rendre en Corée du Nord. Mais, en fin de compte, les dirigeants bouddhistes ont préféré ne pas profiter de l’occasion et les quatre dirigeants protestants n’ont pas obtenu de visas de la part des autorités de Corée du Nord. Mgr Michel Park et le P. John Kim, quant à eux, ont préféré attendre la fin des célébrations du 15 août, pour que leur présence en Corée du Nord à ce moment-là ne soit pas utilisée à des fins politiques.

En dépit des conditions imposées par le gouvernement sud-coréen, les neuf prêtres catholiques ont été accueillis à Pyongyang par des dignitaires du régime et non par l’organisation catholique nord-coréenne qui les avait invités. Selon l’agence de presse officielle du régime communiste, les prêtres étaient venus à Pyongyang « dans l’espoir de faire un grand succès du grand festival de l’unificationCe « festival de l’unification », qui a lieu le 15 août, est l’un des principaux instruments de propagande habituellement utilisés par la Corée du Nord en direction de la Corée du Sud.

Sept des prêtres catholiques ont célébré la messe à l’Eglise catholique de Pyongyang, le 15 août. L’un d’entre eux, le P. Augustin Ham Sei-ung, a déclaré qu’il avait « beaucoup apprécié cette célébration de l’assomption de la Vierge Marie et en même temps de la libération de la CoréeIl a affirmé avoir prêché devant 110 catholiques nord-coréens. Au cours de son homélie, il a aussi affirmé que deux des prêtres de la délégation étaient absents de la concélébration « parce qu’ils participaient au grand festival de la réunification, afin de porter nos meilleurs voeux au peuple de Corée du NordLe festival avait lieu à Panmunjong, dans la zone démilitarisée de la frontière entre les deux Corées.

L’agence de presse officielle de Corée du Nord a confirmé, un peu plus tard, que le P. Paul Moon Kyu-hyun et le P. Simon Chon Jong-hoon avaient participé au grand festival. Les autorités de Corée du Sud ont aussitôt réagi en déclarant que, en agissant de cette manière, les deux prêtres avaient violé la promesse faite avant leur départ de ne pas utiliser leur voyage à des fins politiques. Le bureau du procureur de Séoul a déclaré, le 20 août, que ses services interrogeraient les prêtres et leur demanderaient des explications dès leur retour.

Le Paul Moon Kyu-hyun a déjà passé trois ans en prison en Séoul pour avoir accompagné une étudiante catholique, Susanna Im Su-kyong, en 1989, à un rallye pour l’unification, sans avoir obtenu l’autorisation du gouvernement de Séoul (3).