Eglises d'Asie

Décès de Mgr Vincent Pham Van Du, évêque du diocèse de Lang Son

Publié le 18/03/2010




Depuis longtemps très affaibli, Mgr Vincent Pham Van Du, évêque de Lang Son, s’est éteint dans la nuit du 1er au 2 septembre dernier, à l’âge de 75 ans. Les obsèques auxquelles participaient un certain nombre d’évêques du Nord-Vietnam ont été célébrées dans la matinée du 5 septembre suivant.

Cet évêque de la frontière de Chine a vécu les dernières années de sa vie dans une grande faiblesse physique, conséquence probable des épreuves subies par lui durant son existence, toutes liées aux divers retournements de l’histoire récente du Vietnam. Originaire de Phat Diêm où il est né en le 14 octobre 1922, il fut ordonné prêtre en 1948. Mais c’est au vicariat apostolique de Lang Son que son destin allait être lié. Le territoire de ce vicariat pris en charge par les dominicains de la province de Lyon fut, durant la guerre française, le lieu de farouches affrontements militaires. En novembre 1958, quatre ans après la prise de pouvoir communiste au Nord-Vietnam, l’évêque dominicain, Mgr André Jacq, était expulsé du Nord-Vietnam et allait s’installer au sud. C’est le père Du qui fut appelé à le remplacer. Il fut d’abord nommé vicaire apostolique en mars 1960, puis, en novembre 1960, après l’instauration de la hiérarchie au Vietnam, il devint évêque principal de Lang Son. Cette nomination ne fut pas acceptée par les autorités communistes qui exigeaient, comme aujourd’hui, que toute nomination d’évêque ou de prêtre obtienne leur consentement explicite. En conséquence, l’évêque nommé ne put être consacré. Il fut même placé en résidence surveillée, sans possibilité d’exercer publiquement sa charge.

Paradoxalement, c’est l’invasion chinoise de 1979, particulièrement cruelle pour la région frontalière où se trouve le diocèse de Lang Son, qui, 19 ans plus tard, vint délivrer l’évêque des murs de sa résidence surveillée et lui permettre d’être enfin consacré. En effet, la guerre poussa Mgr Du sur les routes de l’exode en compagnie du reste de la population. Il trouva refuge dans un évêché du Nord-Vietnam. Quand il revint quelque temps plus tard à la petite paroisse de Thât Khê où il était assigné à résidence, il avait reçu l’ordination épiscopale et était désormais véritablement évêque. Cependant, par prudence, cette ordination fut longtemps tenue secrète. Pour enfin être reconnu officiellement par le pouvoir, il lui fallut attendre encore une dizaine d’années la venue au Vietnam de la première délégation vaticane en novembre 1990 et l’intervention personnelle du cardinal Etchegaray auprès du gouvernement. On lui accorda même d’accomplir sa visite “ad limina” à Rome avec 21 autres évêques vietnamiens, à la fin de l’année. Ses amis occidentaux qui le virent à cette occasion le trouvèrent déjà marqué par l’infirmité à laquelle il allait succomber.

Récemment son délabrement physique s’était encore accentué. Lors des dernières négociations entre la délégation vaticane et le gouvernement vietnamien du 23 au 28 février 1998, il fut entendu que le cardinal-archevêque de Hanoi remplirait les fonctions d’administrateur apostolique de Lang Son, fonctions que Mgr Du ne pouvait plus assumer. La nomination par le Saint-Siège suivit presque immédiatement.

Le diocèse de Lang Son est composé des territoires montagneux des provinces de Lang Son, de Cao Bang et d’une moitié de celle de Ha Giang. Depuis sa création en 1913, date où il fut confié aux dominicains, le diocèse n’a jamais connu un grand développement. En 1938, on y dénombrait 4 639 fidèles avec 30 prêtres et 47 religieuses. Les effectifs n’ont ensuite cessé de diminuer, d’abord à cause de l’exode des catholiques du nord en 1954 et ensuite de l’invasion chinoise de 1979. Eglises et lieux de culte ont subi de considérables dégâts au cours des trois guerres successives qui ont ravagé la région depuis 1945. Il ne reste aujourd’hui qu’un seul prêtre de 94 ans pour 5 000 (statistiques du Front patriotique) ou 2 500 (selon l’annuaire pontifical) fidèles et les 16 paroisses du diocèse.