Eglises d'Asie

Les réfugiés du Bhoutan au Népal désespèrent de pouvoir un jour rentrer dans leur pays

Publié le 18/03/2010




Le roi du Bhoutan a choisi de ne pas participer cette année au sommet de l’Asie du sud qui s’est tenu à Colombo, au Sri Lanka, du 29 au 31 juillet, décourageant davantage encore les quelques 120 000 réfugiés bhoutanais du Népal qui espéraient que cette rencontre entre le roi du Bhoutan et le premier ministre népalais augmenterait leurs chances de retour au pays (1).

L’absence du roi Jigme Singye à cette réunion a été annoncée quelques jours après que le premier ministre népalais, Girija Prasad Koirala, eut déclaré au parlement, le 19 juillet, qu’il avait l’intention de soulever le problème des réfugiés bhoutanais, parmi lesquels se trouvent 90 000 hindous, lors de ses prochains entretiens avec le premier ministre indien, Atal Bihari Vajpayee.

Bien qu’ils vivent dans des camps qui, à bien des égards, sont les mieux équipés du monde, les réfugiés continuent de rêver à un retour au Bhoutan, le pays au plus haut revenu par habitant de toute l’Asie du sud, recouvert à 70 % de forêt et qui offre éducation et soins gratuits à tous ses citoyens. Mais le Bhoutan est un pays à majorité bouddhiste, alors que la plus grande partie des réfugiés sont de religion hindoue.

C’est la première fois que le monarque bhoutanais ne participe pas personnellement à la rencontre au sommet de l’Association de l’Asie du sud pour une coopération régionale (SAARC). Le chef du gouvernement bhoutanais, Jigme Thinley, représentait le roi et a déclaré que l’évolution des récentes réformes démocratiques avait empêché celui-ci de s’absenter de son pays.

Pendant ce temps, le Front uni pour une démocratie au Bhoutan, organisation de réfugiés bhoutanais du Népal, publiait un communiqué de presse, le 25 juillet, critiquant l’absence du roi à ce sommet, qui prive ainsi le premier ministre népalais, Girija Prasad Koirala, d’une discussion sérieuse en vue d’une solution concrète du problème des réfugiés

Par un édit royal daté du 10 juin et adressé au président de l’Assemblée nationale, le roi a donné à l’assemblée le droit de le destituer et le pouvoir de nommer les membres du cabinet qui en compte huit. Je regarde cette décentralisation du pouvoir en faveur de l’Assemblée nationale et par , du peuple, comme sincèresoulignait le Bhoutanais Kunley Tshering dans une lettre à l’éditeur du Kathmandu Postet publiée le 24 juillet. Certains lecteurs ont pensé que Tshering était sans doute un Bhoutanais en charge d’un collège au Népal, lequel, grâce à une subvention du gouvernement du Bhoutan, fournit une éducation gratuite aux citoyens bhoutanais de l’étranger.

Cependant, les représentants des réfugiés comme Rakesh Chhetri, un catholique, directeur du Centre de protection des minorités contre le racisme et la discrimination au Bhoutan (CEMARD), est resté sceptique devant cette décision royale. Chhetri s’est entretenu avec des journalistes le 25 juillet: l’actuel chef du gouvernement, quand il était ministre de l’Intérieur du Bhoutan, il y a quelques années, fut le coarchitecte de la sinistre théorie des immigrants illégaux, qui transforma par décret les réfugiés bhoutanais en citoyens du Népal. Plus tard, Thinley, en tant qu’ambassadeur du Bhoutan au bureau des Nations Unies de Genève, diffusa cette théorie dans toute l’Europe et en AmériqueChhetri fait également observer qu’il n’y a pas un seul représentant de l’ethnie Lhotshampa parmi les six nouveaux membres du cabinet choisis par l’Assemblée nationale. C’est la première fois depuis 20 ans que les Lhotshampa ne sont pas représentésdit-il.

Beaucoup de Lhotshampa ou Bhoutanais du sud, un des trois principaux groupes ethniques du Bhoutan, sont devenus des réfugiés depuis l’épuration des prétendus étrangersnépalais supposés rebelles pro-démocrates par le gouvernement à majorité Drukpa dans les années 90. Les Lhotshampa font partie d’une ethnie népalaise qui a émigré au Bhoutan il y a très longtemps, en provenance du Sikkim.

Sept rencontres au niveau ministériel entre le Népal et le Bhoutan n’ont pas réussi à résoudre le problèmes des réfugiés, la dernière rencontre ayant eu lieu en 1996. Les journaux de Katmandou en népalais rapportent que des centaines de réfugiés, quittant les camps illégalement pour chercher du travail au Népal, ont peu à peu acquis la nationalité népalaise.