Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : des dirigeants musulmans affirment aux évêques leur aspiration à un Etat islamique indépendant
Publié le 18/03/2010
Au cours de la réunion, quelques-uns des dignitaires musulmans ont catégoriquement déclaré que seule la création d’un véritable Etat musulman rassemblant les provinces concernées du Mindanao était susceptible de ramener la paix dans cette région. Shariff Julabbi, de l’ethnie Tausog, a expliqué aux participants de la réunion que l’autonomie n’était pas suffisante et qu’une région autonome n’était pas la même chose qu’un Etat islamique soumis à la loi du Coran. D’autres participants ont présenté l’Etat auquel ils aspirent comme caractérisé par la foi unique en un seul Dieu, la loi d’Allah. Alim Israel Baraaguir, de l’ethnie Magindanao, ancien gouverneur de la province du Maguindanao, a par exemple confié que “le rêve de chaque musulman est de se trouver dans un Etat musulman“. Il a convenu que la demande d’un Etat indépendant ne concernait pas la totalité de Mindanao et que la discussion sur la dimension du territoire restait encore ouverte. Mais, ce territoire, quelle que soit sa taille, devra être indépendant. Il n’y aura pas de paix tant que cette indépendance n’existera pas.
Certains évêques se sont demandé comment réaliser ce rêve de chaque musulman. D’autres ont apporté quelque nuance aux affirmations des participants musulmans en se référant à leur expérience personnelle. Mgr Zacharias Jimenes du diocèse de Pagadian a affirmé que dans son diocèse du Mindanao occidental, l’aspiration à l’indépendance était surtout le fait du mouvement musulman Balik, minoritaire, et que dans les rencontres pour un dialogue interconfessionnel organisées chaque mois, on n’en faisait pas mention.
C’est en septembre 1996, qu’un terme avait été mis à trente ans de lutte armée entre rebelles musulmans et forces armées philippines. Un accord entre le Front moro de libération nationale et le gouvernement avait donné naissance à une région autonome provisoire de quatre provinces et à un Conseil des Philippines du sud pour la paix et le développement, chargé pendant trois ans du développement de la région. Le “Forum Evêques-oulémas” avait été fondé deux mois après l’accord de paix pour aider à la réussite du Conseil nouvellement créé. Le référendum qui aura lieu l’année prochaine concerne 14 provinces, et une population de 1,4 millions composée de 13 ethnies islamisées.