Eglises d'Asie

Premier évêque issu d’une minorité ethnique, Mgr Tseng veut travailler à l’unité de toutes les ethnies de l’île

Publié le 18/03/2010




Ce sont prés de 4 000 catholiques, dont beaucoup d’aborigènes en costume traditionnel, qui ont célébré, le 29 août dernier, l’ordination épiscopale du premier évêque aborigène (9). Après la messe, la foule a chanté, dansé, chaque ethnie dans son costume traditionnel, et lancé en l’air, quatre fois de suite selon la coutume réservée aux chefs coutumiers, Mgr Jean-Baptiste Tseng Chien-tze (Tseng Kingzi), évêque auxiliaire de Hualien. Certains participants se sont assis par terre pour pique-niquer malgré la chaleur, parce que ce n’est pas la tradition de ces ethnies de dîner assis à une table.

Quelques jours avant son ordination Mgr Tseng avait confié aux journalistes qu’il “espérait de par son ordination épiscopale, pouvoir promouvoir un esprit familial de paix et de coopération parmi les ethnies.” L’évêque de 55 ans, de l’ethnie puyuma, a ajouté: C’est seulement dans la foi au Christ qu’elles pourront cesser de se haïr et vivre en paix ensembleIl a ensuite expliqué que, dans le passé, plusieurs groupes ethniques du diocèse, sur la côte est montagneuse de Taiwan, vivaient en guerre les uns contre les autres, mais qu’il espérait bien voir grandir, au sein des ethnies chrétiennes, une vraie solidarité.

Au cours de l’ordination du 29 août, Mgr Joseph Chennoth, chargé d’affaire à la nonciature de Taipei, a lu le décret pontifical de la désignation de Mgr Tseng au cours de la messe concélébrée par Mgr Andrew Tsien Tchew-choenn de Hualien, huit autres évêques et quelque 60 prêtres. A l’offertoire, un groupe de femmes puyuma apportèrent à l’autel de l’encens et des fleurs, du riz, du maïs et d’autres produits agricoles et exécutèrent les danses traditionnelles. La cérémonie s’est déroulée au Centre de formation professionnelle de Taitung, en langue chinoise (mandarin), mais à l’offertoire et à la communion les chants furent des cantiques puyuma.

Dans sa lettre de félicitations, le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque jésuite de Kaohsiung rappela que 9 ans auparavant, quand il était encore évêque de Hualien, 93% des catholiques du diocèse étaient aborigènes. Bien qu’il y eut des prêtres aborigènes depuis 20 ans, la désignation de l’un d’entre eux comme évêque de Hualien, montre bien les progrès de l’inculturation, souligna le cardinal. Les aborigènes se trouvent surtout le long de la côte est montagneuse qui fait partie du diocèse de Hualien et représentent le tiers des 300 000 catholiques de l’île de Taiwan, a-t-il ajouté.

Ma désignation montre que le pape a le souci des aborigènes alors que l’Eglise catholique s’est enracinée ici il y a moins de 50 ans. L’Eglise en Chine a attendu plus de 200 ans avant d’avoir un évêque chinoisa déclaré le nouvel évêque. Il a noté cependant que le synode qui vient de se tenir à Rome n’avait pas abordé directement la question des aborigènes ni des minorités et qu’il n’y avait eu aucun délégué issu des ethnies aborigènes dans la délégation de Taiwan présente au synode. Bien que le nouvel évêque ait affirmé être prêt à oeuvrer à toutes sortes de tâches, il a confié qu’il désirait continuer son travail de pasteur dans sa paroisse puyuma de Taitung. Dans cette région, il assume le service de trois dessertes voisines avec plus de 300 aborigènes rukai et 100 Paiwan dont il étudie encore maintenant la langue.

D’après les statistiques officielles de 1997, les neuf plus importantes ethnies présentes à Taiwan, comptent 380 000 personnes, soit 1,8 % de la population totale taiwanaise (21,5 millions). Bien que l’animisme et le chamanisme soient encore populaires, de nombreuses ethnies se sont converties au christianisme. Le nouvel évêque est devenu catholique à l’âge de 14 ans en même temps que toute sa famille.