Eglises d'Asie

Trois religieux bouddhistes ont été libérés à l’occasion de la fête nationale

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de prisonniers politiques se trouvaient parmi les 5 200 prisonniers rendus à la liberté par le chef d’Etat à l’occasion de la fête nationale du 2 septembre. La presse et les organisations internationales se sont particulièrement réjouies de la libération de Doan Viêt Hoat, un journaliste condamné à 20 ans de prison en 1993 et du docteur Nguyên Dan Quê condamné à 20 ans de prison en 1990. Trois religieux bouddhistes ont aussi bénéficié de l’amnistie annuelle. Selon des informations en provenance de l’Eglise bouddhiste unifiée du Vietnam (10), il s’agit du vénérable Thich Tri Siêu libéré le 31 août, des vénérables Thich Tuê Sy et Thich Quang Dô, libérés le lendemain, 1er septembre.

Le premier d’entre eux, le vénérable Thich Tri Siêu, était professeur d’histoire à l’université bouddhiste Van Hanh, avant 1975. Né en 1943, il a fait de brillantes études aux Etats-Unis où il a obtenu trois doctorats de l’université Madison dans le Wisconsin, en philosophie, en histoire et en médecine. Il est l’auteur de nombreux livres sur l’histoire du bouddhisme au Vietnam, particulièrement sur les premiers siècles. Il fut arrêté le 22 mars 1984, avec 19 religieux et religieuses et fidèles, connus pour être intimement liés au vénérable Thich Tri Thu, religieux bien connu qui mourra quelques jours plus tard d’une façon suspecte, après un interrogatoire (11). Le procès n’eut lieu qu’en septembre 1988, à Hô Chi Minh-Ville. Le religieux y fut condamné à mort avec son confrère Thich Tuê Sy et M. Trân Van Luong, arrêtés le même jour que lui. Grâce à une très forte pression des organisations humanitaires internationales, la condamnation des deux religieux fut finalement commuée en une peine de 20 ans de prison. Le vénérable Thich Tri Siêu est donc libéré depuis le 31 juillet, avant le terme de sa peine. Son dernier lieu de détention a été le camp de rééducation Z30A, à Xuân Lôc, dans la province de Dông Nai.

Le vénérable Thich Tuê Sy présente un curriculum vitae assez comparable à celui du vénérable Thich Tri Siêu. Lui aussi fut professeur à l’université Van Hanh où il enseignait la philosophie. Arrêté en mars 1984 dans le même groupe que son confrère, comme lui, il fut condamné à mort en 1988, condamnation qui fut aussi commuée en une peine de 20 ans de prison. Incarcéré dans un camp de la province de Phu Yên, il fut ensuite placé dans des camps diciplinaires pour avoir participé à une manifestation de prisonniers. Il était au camp de Ba Sao, dans la province de Nam Ha, lors de sa libération le 1er septembre 1998.

Le vénérable Thich Quang Dô, libéré le lendemain du camp de « Ba Sao » (trois étoiles) au Nord-Vietnam est secrétaire général de l’Eglise bouddhique unifiée. Arrêté dès 1977 et détenu pendant 20 mois, il fut appréhendé à nouveau en 1982 et exilé au Nord dans la province de Thai Binh. En 1992, le religieux, de sa propre initiative, quitta le lieu de son exil et revint vivre à Hô Chi Minh-Ville. Il fut arrêté le 4 janvier 1995 (12) après avoir écrit aux autorités une lettre ouverte de quarante pages, intitulée « Remarques sur les erreurs néfastes commises par le communisme à l’endroit du peuple et du bouddhisme vietnamiens » (13). Le 15 août 1995, le tribunal populaire lui infligeait cinq ans de prison (14) pour avoir « saboté la politique gouvernementale d’union des religions, et utilisé la liberté et la démocratie pour attenter aux intérêts de l’EtatIl refusa de faire appel et fut transféré de Saigon au Nord-Vietnam, au camp de Ba Sao. Arrivé par avion à l’aéroport de Tân Son Nhât, il y a été accueilli par quelque 500 fidèles bouddhistes.

A leur sortie de prison, les religieux ont fait diverses déclarations. Ils ont tous affirmé avoir été libérés sans condition et avoir refusé de solliciter la grâce des autorités suprêmes, comme on le leur conseillait.

Malgré ces deux dernières libérations, beaucoup de membres de la hiérarchie de l’Eglise bouddhiste unifiée sont encore en détention (15), à savoir les vénérables Thich Huyên Quang, dirigeant suprême du bouddhisme unifié, détenu depuis 1982, sans jamais avoir été jugé, les vénérables Thich Không Tanh et Thich Nhât Ban, condamnés à 5 et 4 ans de prison pour avoir organisé un convoi d’aide aux victimes des inondations du Mékong, le vénérable Thich Huê Dang, condamné à 20 ans de prison, le vénérable Thich Thiên Minh, deux fois condamné à perpétuité, le vénérable Thich Tri Tuu, supérieur de la pagode Linh Mu, à Huê, aujourd’hui en résidence surveillée (16).