Eglises d'Asie

Un malaise commence à se faire jour au sein des groupes catholiques engagés dans le dialogue interreligieux

Publié le 18/03/2010




Plusieurs participants d’un séminaire international, organisé par la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC), à Ipoh, en Malaisie, du 6 au 14 septembre 1998, sur le dialogue interreligieux, ont déclaré être perturbés par l’attitude de l’Eglise catholique prétendant être seule en possession de la vérité tout en affichant une volonté d’ouverture et de dialogue. 70 évêques, prêtres, religieux et laïcs étaient réunis dans la cité malaisienne pour la première rencontre de l’Institut de formation aux affaires interreligieuses de la FABC.

La Soeur Doreen, de Singapour, a déclaré avoir apprécié l’histoire du dialogue interreligieux dans l’Eglise catholique, exposée par l’un des intervenants, le P. Sebastian Painadath, parce que nous sommes à présent tellement ouverts en ce qui concerne les autres religionsElle a cependant avoué sa perplexité sur le devoir des chrétiens de proclamer le salut en JésusChrist qui demeure la seule source de rédemptionComment amenezvous cette Nouvelle sur la table du dialogue demande-t-elle. Une laïque malaisienne, qui a demandé à rester anonyme, a estimé de son côté que “le pape dit une chose aux adhérents des autres religions et autre chose aux membres de l’Eglise catholiqueElle ajoute : Ceci engendre la confusion, comme un parent qui dit à son enfant ‘fais ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais. Le pape doit savoir que les adhérents des autres religions finissent par connaître le contenu contradictoire de ses textesAnnabelle, Malaisienne elle aussi, affirme que le pape tient un double langagePour elle, l’insistance de l’Eglise à revendiquer la suprématie du Christ démontre que ses intentions affichées d’apprendre des autres religions ne sont que des mots : Je suis réellement irritée parce que l’Eglise ne semble pas avoir changéJulius, un laïc des Philippines, estime lui aussi que les déclarations du Vatican, au lieu de clarifier les enjeux du dialogue interreligieux, finissent par semer la confusion chez les catholiques : Les proclamations doivent être universelles; il faut une seule proclamation pour tous. A l’heure actuelle, les enseignements de l’Eglise catholique sur le dialogue interreligieux génèrent la confusion, et cela rend le dialogue pratiquement impossible

D’autres participants encore ont réagi de la même manière. Cependant, la Soeur Euphémia, de l’Inde, a essayé de dépasser le dilemme en affirmant : En fin de compte, c’est le Seigneur qui initie le dialogue et c’est avec le coeur que l’on voit les choses dans leur vraie perspective. Si l’on n’utilise que l’intelligence de la raison, les conflits sont inévitablesDe son côté, Mgr John Ha Tiong Hock, de Kuching, en Malaisie orientale, a affirmé être très touché du fait que l’Eglise est en marche. Elle est prête à revisiter son passé et donc préparée à changer. Ceci est très encourageantIl a ajouté qu’il sera intéressant de voir dans quelle direction l’Eglise va finalement nous mener et si nous sommes prêts à la suivre sur ce chemin