Eglises d'Asie

Une réunion de toutes les factions politiques de Timor Oriental a été organisée par l’Eglise catholique du territoire

Publié le 18/03/2010




Les 10 et 11 septembre 1998, une réunion organisée sous l’égide de l’Eglise catholique de Timor Oriental a réuni toutes les factions politiques du territoire dans le but affiché d’instaurer un processus de réconciliation et de dialogue. Mgr Carlos Ximenes Belo, administrateur apostolique de Dili, avait annoncé à l’avance que les discussions ne toucheraient pas directement les questions politiques mais qu’il s’agissait avant tout de “partager des idées générales sur la paix et l’avenir de Timor Oriental

Cinquante personnes, représentant les anciens partis politiques du territoire, les intellectuels et les membres des professions libérales, étaient présentes à la réunion. Mais il n’y avait aucun représentant de la résistance armée de l’intérieur et des Timorais de l’exil. La réunion s’est tenue à Dare, à quelques kilomètres de Dili, dans les bâtiments du séminaire catholique diocésain.

Commentant cette réunion à Paris, le 12 septembre, au cours d’une consultation des groupes chrétiens engagés à Timor Oriental, M. Jose Ramos Horta, l’un des leaders des Timorais de l’exil et prix Nobel de la paix 1996, a affirmé que l’indépendance de Timor Oriental n’était plus qu’une question de temps et que des initiatives comme celle qui a amené l’organisation de la réunion de Dare devaient être jugées de manière positive parce qu’elles pouvaient permettre à la société du territoire de gérer en douceur le passage à l’indépendance qui se profile à l’horizon.

Parmi les onze recommandations faites à l’issue de la réunion de Dare, on note que les participants estiment que les réunions futures de cette sorte devront inclure des représentants de toutes les factions sociales et politiques, y compris des chefs de la résistance dans la jungle, en prison et en exil

Voici le texte du communiqué publié à la fin de la réunion de Dare, le 11 septembre:

Louange au Dieu très puissant. Nous sommes reconnaissants à la hiérarchie de l’Eglise catholique d’avoir proposé sa médiation dans le dialogue entre dirigeants de Timor Oriental. Nous apprécions grandement l’atmosphère d’ouverture, d’unité et de paix qui a prévalu parmi les participants de cette réunion. Nous qui avons participé à cette réunion ‘Soru Mutu ba Dam Neon Ida Deit’ (dans un esprit de construction d’une paix fraternelle), déclarons:

1Tous les participants sont en accord avec et soutiennent la disponibilité et le rôle de la hiérarchie de l’Eglise catholique locale dans sa médiation pour un dialogue entre les dirigeants de la société de Timor Oriental.

2Tous les participants militent pour la réconciliation afin d’arriver à l’unité et la paix entre les habitants de Timor Oriental.

3Tous les participants acceptent la nécessité de créer une base de compréhension mutuelle comme une étape vers la solution de la question de Timor Oriental.

4Tous les participants ont manifesté leur bonne volonté politique pour explorer les voies du dialogue dans un effort d’unification de la vision, de la perception, du langage et de l’action des Timorais pour arriver à une solution finale de la question de Timor Oriental.

5Tous les participants manifestent un fort désir de construire une société harmonieuse, paisible et prospère, en donnant la priorité à des intérêts communs : les droits fondamentaux concernant le respect de la vie et de la dignité humaines; les droits sociaux, économiques et culturels en ce qui concerne la nourriture, le logement, le vêtement, l’éducation, l’emploi, la santé, les ressources humaines, la préservation de la culture, l’identité et la tradition culturelles et religieuses; les droits civils et poilitiques concernant l’établissement d’une société civile, démocratique et pluraliste et le développement d’une communication adéquate et fiable; la préservation de l’environnement; la solidarité avec la communauté régionale, nationale et internationale.

6Tous affirment être conscients des deux alternatives de la solution du problème de Timor Oriental, le référendum et l’autonomie. Pour cette raison, il est urgent et nécessaire d’élaborer une plateforme commune qui envisage l’unification de la société timoraise.

7Tous partagent l’idée que la création d’un organe représentatif pour la réconciliation de tous les Timorais doit être envisagée, après l’élaboration d’une plateforme commune.

8Tous ressentent le besoin de commencer une nouvelle ère de solidarité timoraise, dans laquelle il n’y aura ni gagnants ni perdants, et personne ne se sentira trahi.

9Tous les participants estiment que d’autres réunions de ce type doivent inclure les représentants de toutes les factions politiques et sociales, y compris des chefs de la résistance dans la jungle, en prison et en exil.

10Tous les participants militent pour la création d’une société démocratique dans laquelle la différence d’opinion est un droit, et dans laquelle il ne sera pas permis d’imposer sa volonté par la force.

11Tous les participants désirent que les résultats de cette réunion soient communiqués à la société et qu’une atmosphère de dialogue soit créée qui engage toutes les parties concernées afin que la solution du problème de Timor Oriental soit acceptable par tous.

Que Dieu nous protège et bénisse nos efforts“.

Le président indonésien Habibie a déjà proposé une autonomie très large pour Timor Oriental, mais beaucoup de Timorais estiment que la condition préalable imposée par l’Indonésie, à savoir la reconnaissance de la souveraineté indonésienne, n’est pas acceptable.