Eglises d'Asie

Après les récentes agressions contre des religieuses catholiques, les dirigeants de l’Eglise se mobilisent

Publié le 18/03/2010




A la suite des dernières agressions contre des missions catholiques et le viol de quatre religieuses dans l’Etat du Madhya Pradesh (4), les dirigeants chrétiens de toute l’Inde ont décidé de se mobiliser pour obliger le gouvernement fédéral à agir pour la protection des communautés chrétiennes, souvent isolées dans les Etats du centre et du nord.

Dès le lendemain du viol de quatre religieuses dans le village de Nawapada, dans l’Etat du Madhya Pradesh, Mgr George Anathil, évêque d’Indore, a organisé une manifestation de chrétiens dont il a pris la tête devant les bâtiments du gouvernement local. Le même jour, les dirigeants catholiques de l’Etat se sont rencontré et ont décidé de fermer toutes les écoles catholiques de l’Etat pour obliger les autorités à agir. Dans le mémorandum que Mgr Anathil a adressé au ministre-président du Madhya Pradesh, il demandeque les coupables soient arrêtés le plus rapidement possible et déférés devant un tribunal afin qu’une punition sévère leur soit infligée et que personne n’ose à l’avenir répéter de tels crimes

La conférence des évêques et des supérieurs religieux du Madhya Pradesh, de son côté, a demandé qu’un magistrat soit chargé de l’enquête sur le viol des religieuses: Notre condamnation de cet acte de violence est absolue et nous exigeons que des cas de cette nature soient condamnés sans réserve par tous les secteurs de la sociétéL’Eglise est douloureusement surprise de constater qu’un retard considérable a été pris dans l’examen médical des victimes, ainsi que dans l’enregistrement du premier constat qui est obligatoire pour qu’une action en justice puisse se dérouler normalement

De leur côté, les dix évêques catholiques des Etats du nord-est de l’Inde ont écrit au président indien, K.R. Narayanan, pour condamner l’agression dont les religieuses ont été les victimes et pour exprimer leur inquiétude devant l’augmentation rapide des attaques contre les missions catholiques. Dans la même lettre, envoyée aussi au ministre-président du Madhya Pradesh, ils demandent que les missions catholiques et leur personnel soient protégés afin que l’Etat puisse maintenir la crédibilité laïque de la nation

La Conférence épiscopale catholique indienne (CBCI) a estimé que les derniers incidents affectant des missions catholiques apparaissent comme faisant partie d’une stratégie plus vaste élaborée par certains groupes d’intérêtsLe communiqué, signé par Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la conférence épiscopale indienne, ajoute : Nous ne serions pas autrement surpris d’apprendre que ces actions antichrétiennes ont été menées avec l’approbation de personnages haut placés dans l’administration gouvernementale et dans certains partis politiquesLa conférence épiscopale estime que des militants hindouistes essaient de faire de l’Inde une nation strictement hindoue en éliminant les minorités religieuses (5). Le communiqué continue : Le nombre croissant d’incidents de cette nature menacent les fondements mêmes de la constitution de notre Etat laïqueDans les jours qui viennent, la CBCI pourrait organiser une protestation massive dans toute l’Inde“, a déclaré le P. Anand Jojo, secrétaire général-adjoint de la Conférence épiscopale catholique de l’Inde.

L’Union catholique panindienne, qui regroupe les associations de catholiques laïcs, a protesté elle aussi vigoureusement par la voix de son secrétaire général, John Dayal, qui a déclaré : L’attaque contre les religieuses fait partie d’un plan d’ensemble et d’une conspiration contre les chrétiens de l’IndeMgr Karan Masih, évêque de l’Eglise protestante du Nord de l’Inde, s’est dit choqué par les derniers incidents : C’est une honte pour l’Inde moderne. Nulle part dans le monde on ne traite les religieuses et les prêtres de cette manière. Nous sommes en voie de régression vers le Moyenâge

Mgr Alan de Lastic et plusieurs dirigeants catholiques indiens doivent rencontrer très prochainement le ministre fédéral de l’Intérieur, Lal Kishenchand Advani, le premier ministre, Atal Behari Vajpayee, et le président de l’Union indienne, K.R. Narayanan.

Soucieux de dévier les soupcons qui pourraient se diriger vers lui, du fait de ses sympathies connues pour les groupes hindouistes extrémistes, le parti au pouvoir à New Delhi, le BJP (Bharatiya Janata Partya condamné clairement, le 25 septembre, l’attaque contre les religieuses de Nawapada. Il a demandé aussi la démission du ministre-président du Madhya Pradesh, Digvijay Singh, qui appartient à un parti de l’opposition. De son côté, Digvijay Sing a déclaré, le 27 septembre, qu’une stratégie élaborée avait été mise en place depuis l’arrivée du BJP au pouvoir pour s’en prendre aus centres missionnaires chrétiensIl a ajouté qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour amener les coupables devant la justice et il a demandé aux chrétiens du Madhya Pradesh de lui donner la liste des lieux d’implantation chrétienne qu’ils estiment être vulnérables, de façon à ce que la police de l’Etat puisse les protéger plus efficacement.