Eglises d'Asie

Les évêques demandent aux femmes catholiques d’organiser une campagne contre l’infanticide des filles

Publié le 18/03/2010




La Conférence épiscopale des évêques catholique de l’Inde (CBCI) a demandé à tous les groupes et associations de femmes du pays d’organiser des programmes d’alphabétisation et d’aide en faveur des petites filles abandonnées. En 1997, la CBCI avait décrété le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge, Fête des petites filles, pour exprimer l’inquiétude de l’Eglise devant l’augmentation du nombre de petites filles abandonnées.

Cette année, le CBCI a choisi le thème Ouvrir ses bras et faire vivre une enfantafin d’élargir les projets de l’Eglise catholique pour le sauvetage et l’éducation des petites filles. Notre initiative pour aider les familles à accueillir leurs filles comme un don de Dieu a été plutôt bien reçue. L’Eglise veut maintenant intensifier ses efforts pour combattre la discrimination dont sont victimes les filles en Inde“, a déclaré le président de la CBCI, Mgr Alan de Lastic, à des journalistes, le 3 septembre dernier. Continuer à traiter les filles en citoyennes indésirablescinquante ans après l’indépendance du pays est un crime nationala-t-il ajouté, en annonçant que la Commission de la condition féminine de la CBCI avait demandé à tous les groupements de femmes d’organiser des programmes précis d’éducation et de soutien pour aider les filles à vivre mieux au sein de la société indienne

Le recensement national de 1991 avait révélé que le pays comptait 929 femmes pour 1000 hommes alors que, dans la plupart des pays du monde, les femmes sont toujours plus nombreuses que les hommes. Le Fonds pour l’enfance des Nations Unies (UNICEF) informe l’Inde, chaque année, que l’infanticide des filles est la principale cause de ce pourcentage anormalement bas du nombre de femmes. Depuis 1995, rapporte l’UNICEF, prés de 1,4 millions de filles ont disparu par infanticide.

Mgr de Lastic souligne que la pauvreté et l’analphabétisme sont les causes principales de l’élimination des filles dans les familles et ajoute que l’Eglise essaie de combattre ce fléau par l’alphabétisation et la lutte anti-pauvreté dans les villages.

L’année dernière, Le Groupe national d’éducation, un organisme qui recrute des volontaires et est affilié à l’Eglise catholique, a mené une enquête qui confirme que des parents vendent ou suppriment leurs filles à cause du système de la dot. Nous trouvons beaucoup de familles en région rurale qui considèrent les filles comme des fardeaux à cause de la dot qui devra être fournie au moment de leur mariageexplique le président de la CBCI. Les études menées par le groupe révèlent que les bébés filles sont supprimés à la demande des parents pour quelques 100 roupiescontinue l’archevêque. Il précise que les prêtres et les religieuses ont mission d’aider les mamans illettrées à prendre conscience que les filles sont aussi importantes que les garçons, et il ajoute que les 137 diocèses de l’Inde étaient prêts à lancer, le 8 septembre, des projets précis dans tous les mouvements et associations de femmes pour aider les familles. L’année dernière déjà, la CBCI avait lancé plusieurs campagnes de ce genre par l’intermédiaire des diocèses, des instituts, des paroisses, des écoles et des hôpitaux. Cette année les écoles et les hôpitaux catholiques sont invités à admettre plus facilement les filles des milieux défavorisés dans leurs établissements. Pareillement, on a demandé aux prêtres des paroisses d’alléger le coût des cérémonies de mariage pour les filles de familles en difficulté.

Dans le même temps, la CBCI, reproche au gouvernement fédéral son application laxiste de la loi sur l’infanticide et l’avortement de filles (10Le gouvernement a interdit les tests de détermination du sexe du foetus et les avortements sélectifs mais ils sont encore largement répandus dans bien des régionsaffirme Mgr de Lastic. Le parlement indien, en 1994, avait voté la loi sur les techniques du diagnostic prénatal (règlement et prévention des abus) pour contrer les excès de techniques telles que l’amniocentèse et l’échographie permettant de connaître le sexe du foetus en vue d’un avortement éventuel. Mais la loi est inefficace parce qu’il n’y a pas de structure gouvernementale pour contrôler et stopper ces centres de détermination du sexe qui prolifèrent dans tout le pays“, se lamente le président de la CBCI.