Eglises d'Asie

Une rançon est exigée pour la libération du P. Benedetti, enlevé par des membres du Front moro de libération nationale

Publié le 18/03/2010




Le 18 septembre 1998, le P. Giulio Mariani, supérieur régional de l’Institut pontifical des missions étrangères, a reçu une demande de rançon de 15 millions de pesos (30 000 dollars) pour la libération de son confrère, le P. Luciano Benedetti, enlevé dans la soirée du 8 septembre dernier, dans une ferme de Sibuco, sur la côte ouest de la péninsule de Zamboanga, à l’ouest de Mindanao (12). La lettre envoyée par les ravisseurs est signée du commandant Dasdasan du Front moro de libération nationale. Elle réclame en outre la fin de toutes les opérations militaires dans le Mindanao et le paiement d’une première somme de 300 000 pesos pour la pension du prêtre kidnappé. Le document écrit en cebuano et en tagalog a été envoyé au Centre de l’Institut pontifical des missions étrangères de Zamboaga et est adressé au P. Mariani ainsi qu’au secrétaire de la Commission pontificale pour le dialogue interreligieux, le P. Sebastiano D’Ambra.

Selon les déclarations du P. Mariani, le kidnapping pourrait avoir pour objectif d’attirer l’attention de Nur Misuari, gouverneur de la Région autonome du Mindanao musulman. Celui-ci qui, après trente ans de lutte pour un Etat musulman indépendant à la tête du Front moro de libération nationale, a signé un accord de paix avec le gouvernement en 1996, est aujourd’hui critiqué pour son peu de réussite dans l’amélioration du niveau de vie des habitants de la région. En 1997, des anciens combattants de son propre mouvement avaient enlevé Mgr Desmond Hartford, administrateur apostolique de Marawi et le P. Bernard Maes, pour forcer la main du gouvernement philippin qui n’avait pas encore payé les sommes prévues par les accords de 1996 pour la réinsertion sociale des anciens combattants du Front moro de libération nationale (13).

La lettre de demande de rançon spécifie aussi qu’en cas de non-satisfaction des demandes, toutes les victimesseraient tuées. Selon le P. Mariani, ceux qui sont désignés sous le nom de victimessont neuf autres otages qui ont été enlevés après le P. Benedetti. Parmi elles, on trouve une Taiwanaise âgée de 80 ans et sa petite fille de deux ans, ainsi que trois ressortissants de Hongkong. Cette allusion aux autres otages pourrait signifier que les ravisseurs du P. Benedetti n’appartiennent pas à une bande isolée, mais à un groupe important et organisé.

Le supérieur régional a aussi exprimé son inquiétude devant les méthodes utilisées par le gouvernement. Pour délivrer le prêtre kidnappé, le président Estrada a lancé une opération militaire qui risque de faire des victimes innocentes. Par ailleurs, le supérieur régional s’est plaint que, jusqu’à présent, ni le gouvernement, ni les autorités militaires ne lui aient fourni de rapport sur le cas de son confrère. Il a ajouté qu’il s’efforçait de lui faire parvenir des vêtements et des médicaments exigés par son état de santé.