Eglises d'Asie

Jakarta : une jeune militante qui s’occupait des victimes des émeutes de mai a été assassinée

Publié le 18/03/2010




Une jeune militante qui travaillait comme conseillère auprés des jeunes femmes d’origine chinoise violées durant les brutales émeutes de mai dernier en Indonésie a été trouvée assassinée chez elle, au centre de Jakarta. La découverte a particulièrement choqué ses collègues et amis.

Le corps de Marthadinata (Ita), 18 ans, lycéenne, a été découvert par son père, vendredi soir, 9 octobre, dans sa chambre du deuxième étage. Elle avait été criblée de coups de couteau au cou, à l’estomac, à la poitrine et au bras droit. C’est un coup très dur pour nous. Par , le meurtrier nous envoie un message, celui que nous pouvons nous aussi être tuésconfie à la presse Karlina Leksono, une militante du groupe des ‘Volontaires pour l’humanité’. C’est mardi seulement que nous avions tenu une conférence pour dire à la presse comment les travailleurs sociaux étaient depuis peu terrorisésexplique Leksono. Le meurtre de Ita a été perpétré le samedi suivant.

Les “Volontaires pour l’humanité”, où travaillait Ita, sont un des groupes de défense des droits de l’homme. Il est le premier a avoir rendu public le fait que des femmes et des filles d’origine chinoise avaient été violées collectivement durant les émeutes de mai qui firent 1 200 morts. Plusieurs volontaires et militants des droits de l’homme qui travaillent pour aider ces victimes affirment avoir reçu de mystérieux coups de téléphone et des menaces de mort si le détail de ces viols est divulgué. Le gouvernement, quant à lui, maintient toujours que ces viols n’ont jamais existé.

Leksono raconte que Ita et sa mère étaient très actives pour soutenir les victimes et ensemble étaient prêtes à les aider à témoigner devant les groupes de défense des droits de l’homme des Etats-Unis. Les victimes étaient très prudentes dans le choix d’une conseillère mais elles étaient très intimes avec Itaprécise-t-elle.

Le lieutenant-colonel Imam Haryatna, responsable de la circonscription centrale de la police de Jakarta, reste silencieux quand on lui demande si le meurtre pourrait avoir un lien avec les activités des travailleurs sociaux auprès des victimes. D’après le Jakarta Post, Nous enquêterons de façon minutieusea affirmé Haryatna sur les lieux mêmes du crime. Il a précisé également qu’il n’y avait eu aucune trace de vol.

Au cours d’une conférence de presse commune, mardi 7 octobre, plusieurs groupes de défense des droits de l’homme ont affirmé que, depuis les émeutes, ils avaient été l’objet de toutes sortes de menaces et de tracasseries, depuis les appels téléphoniques, les menaces d’enlèvement jusqu’à l’envoi de grenades par la poste. Ils ont précisé que 168 femmes, la plupart d’origine chinoise, avaient subi ces viols collectifs ou d’autres sévices sexuels durant ces violentes émeutes de masse, à Jakarta comme dans d’autres villes. Ils affirment que 20 victimes des ces viols, femmes ou jeunes filles, sont mortes de leurs blessures ou ont été tuées par leurs agresseurs, ou se sont suicidées. Quant aux survivantes, certaines ont quitté le pays, d’autres ont trop peur pour oser témoigner, indiquent les militants de droits de l’homme.

Le chef de l’armée, le général Wiranto, a déclaré la semaine dernière que le gouvernement et l’armée n’avaient pu découvrir de preuves des viols qui auraient été commis durant ces émeutes malgré de très longues recherches, disant: Ces efforts n’ont donné aucun résultat. L’ABRI (les forces armées) non plus n’a pas obtenu de réponses concrètes et convaincantes, ni de faits ou de preuves de la part de ceux qui affirment posséder d’importantes informations“. Wiranto a fait cette déclaration malgré les très fortes critiques qui s’élèvent de l’intérieur comme de l’étranger sur ce communiqué en tous points semblable à celui qu’il avait fait le mois dernier. Quant au président, B. J. Habibie, il croit que les rapports de presse sur ces viols ont été exagérés.