Eglises d'Asie

La crise économique va repousser chez eux beaucoup d’Asiatiques employés hors de leur pays

Publié le 18/03/2010




Selon un rapport de la commission épiscopale philippine pour les migrants et les personnes déplacées, paru en septembre, des millions d’Asiatiques au travail dans d’autres pays que le leur, vont être entraînés vers d’autres déplacements à cause de la crise économique qui frappe la région. Celle-ci a, d’ores et déjà, obligé les travailleurs migrants à se résigner à des salaires plus bas, à une plus longue durée de la journée de travail et à de plus mauvaises conditions d’hygiène et de sécurité dans leurs lieux de travail. Selon l’auteur du document, le P. Paolo Prigol, au Japon, en Malaisie, à Singapour, en Corée du Sud, à Taïwan et en Thaïlande, il y a aujourd’hui 3,8 millions de travailleurs migrants en situation légale. Mais les sans-papiers sont aussi très nombreux : pour seulement deux pays, la Malaisie et la Thaïlande, on estime leur nombre à 1,5 millions. Au Japon et en Corée, le nombre de travailleurs étrangers encore sur place après la fin de leur contrat de travail s’élève à plus de 400 000.

Les estimations du rapport pour le proche avenir sont extrêmement pessimistes. Un peu partout on prépare les futurs départs, y compris au Japon où des forces de police spéciales sont entraînées à arrêter les migrants illégaux. Avant la fin de cette année, la moitié des deux millions de travailleurs étrangers en Malaisie vont être forcés d’envisager un changement de pays. Parmi eux, il y aura 500 000 Indonésiens, qui à eux seuls forment 65 % de la main d’oeuvre étrangère, suivis par les Bangladais qui en constituent 22 %. Dans divers autres pays, des mesures d’expulsion sont déjà prévues pour l’année prochaine. Le gouvernement thaïlandais a prévu d’expulser au mois de janvier prochain 986 000 travailleurs étrangers illégaux, la plupart venus du Cambodge, du Laos et de Birmanie. Dans les trois années qui vont suivre, 500 000 autres migrants quitteront la Thaïlande. Déjà, en Corée du Sud, une moyenne journalière de 120 travailleurs illégaux sont repoussés au-delà des frontières de Corée du sud, qui prévoit encore de renvoyer chez eux 14 à 20 000 travailleurs vietnamiens. La commission épiscopale philippine appelle les gouvernements asiatiques à enrichir leur documentation pour améliorer l’information sur les travailleurs migrants dans la région et mettre sur pied des groupes de travail où seront échangées et discutées les données dans des domaines d’intérêt commun. Elle conseille aussi aux divers gouvernements de se doter de législations davantage orientées vers les employeurs de travailleurs migrants illégaux que vers les employés eux-mêmes. La commission conclut cependant que, malgré le coût humain et social du travail hors de son propre pays, les emplois à l’étranger, payés en dollars, continuent d’être les plus attractifs, sinon les seuls emplois possibles pour beaucoup de Philippins.