Eglises d'Asie

Le nombre d’enseignants et d’établissements scolaires reste insuffisant pour accueillir une population scolaire en croissance

Publié le 18/03/2010




Le 5 septembre 1998, 21,5 millions d’élèves et d’étudiants ont repris la chemin des classes. Comme chaque année, à la même occasion, la presse vietnamienne se livre à une analyse assez pointilleuse de la situation scolaire et livre au public remarques et critiques. Celles-ci portent essentiellement, cette année, sur la disproportion actuelle entre, d’un côté, des effectifs scolaires en pleine croissance et de l’autre, des infrastructures matérielles incapables d’accueillir l’afflux d’élèves et un corps enseignant qui à cause de son petit nombre ne peut plus répondre à tous les besoins.

Si l’on en croit les statistiques officielles, la population scolaire et étudiante est en plein développement numérique sur tout le territoire, ce qui n’a pas été toujours le cas ces dernières années durant lesquelles on avait assisté au reflux hors de l’école des enfants les plus pauvres de la population. Le nombre d’étudiants a désormais atteint le chiffre de 837 960. Les rapports du ministère de l’Education nationale publiés en début d’année parlent d’un supplément de 132 663 élèves pour la totalité de l’enseignement primaire. Le premier cycle du secondaire affiche 230 000 élèves de plus que l’année dernière, le second cycle en compte 107 000 de plus.

Cet important renforcement des effectifs scolaires qui est pourtanr bien loin d’être suffisant, n’est pas sans poser d’énormes problèmes, en particulier pour le corps enseignant. Pour tout le pays, on estime à 150 000, le nombre de professeurs manquants, absence due en partie aux conditions d’existence très peu attrayantes de la profession enseignante, si souvent dénoncées au cours de ces dernières années. Au manque de maîtres, il faut ajouter les limites de leurs compétences. Beaucoup ont été formés en vitesse et sans soin. Cette même pénurie de moyens règne au niveau des infrastructures. A la fin du mois d’août 1998, quelques établissements scolaires nouveaux ont fait leur apparition. 115 d’entre eux étaient le fruit de l’aide japonaise aux écoles élémentaires victimes de la tempête du début de l’année. La Banque mondiale a aussi permis à 11 provinces du delta du Mékong et à cinq grandes villes de restaurer et d’améliorer un certain nombre d’établissements primaires. Cependant, malgré tous les efforts, il reste un très grand nombre d’écoles, 3 538, selon les statistiques officielles, qui accueillent trois groupes successifs d’élèves au cours de la journée, les enseignants refaisant, eux aussi, trois fois le même cours durant la même journée.

L’Education nationale a adopté plusieurs orientations nouvelles pour remédier aux défauts actuels du système scolaire. L’une d’entre elle est nommée officiellement la socialisation de l’éducation: expression qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, désigne la remise de secteurs entiers du système public de l’éducation à l’initiative de la “société privée”. Ces dernières années, les initiatives en ce sens se sont multipliées. Une nouvelle catégorie d’écoles est apparue, les écoles semi-publiques. Les bâtiments appartiennent à l’Etat, mais l’organisation et l’administration sont prises en charge par des particuliers. Le recrutement du personnel enseignant est assuré par l’école elle-même, qui octroie à celui-ci une rémunération parfois double ou triple de celle qui est perçue dans l’enseignement public. Les écoles semi-publiques sont aujourd’hui, pour tout le pays, au nombre de 494. Les écoles privées, officiellement “fondées par le peuple“, représentent 2,2 % de l’ensemble des établissements et accueillent 4,18 % de la population scolaire. Pour la seule ville de Hô Chi Minh-Ville, 49 écoles privées fonctionnaient pendant l’année scolaire 97-98. Mais toutes ces nouvelles écoles sont coûteuses : les frais scolaires de certaines écoles privées atteignent des sommes astronomiques. De plus, certains secteurs de la société n’ont pas le droit d’ouvrir des écoles privées. C’est en particulier le cas pour les religions. Chaque année, et cette année avec plus d’insistance (7), les évêques catholiques demandent le droit d’ouvrir des écoles privées. Pour le moment, seule la charge d’écoles maternelles est accordée aux Eglises.

Le secteur public lui-même, à cause de l’insuffisance du budget de l’Education nationale fait depuis longtemps appel à la contribution financière des parents, officiellement pour le secondaire et sous une forme déguisée dans le primaire. C’est une charge quelquefois insupportable pour les familles les plus démunies. Chaque année, le ministère de l’Education se propose d’établir des frais scolaires égaux pour toutes les écoles. En vain, semble-t-il, puisque le ministre de l’Education, Nguyên Minh Hiên, a réitéré cette intention il y a quelques jours (8).