Eglises d'Asie

Les catholiques se sont mobilisés dans plusieurs régions pour protester contre les attaques des extrémistes hindous

Publié le 18/03/2010




Le 3 octobre 1998, Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la conférence épiscopale indienne a pris la tête d’une importante manifestation de chrétiens. Plus de dix mille personnes y ont participé. L’objectif de cette démonstration de force était double : il s’agissait d’attirer l’attention du gouvernement fédéral et de la population indienne sur les attaques incessantes dont sont victimes les chrétiens dans certaines régions, et, une fois encore, de demander que les dalits chrétiens puissent jouir des mêmes privilèges que les dalits des autres religions, dans les domaines de l’emploi et de l’éducation. Cette revendication est régulièrement prise en compte par les partis politiques avant d’arriver au pouvoir, et tout aussi régulièrement oubliée par la suite.

Les manifestants de New Delhi portaient des brassards noirs en signe de deuil pour les victimes de la violence anti-chrétienne des groupes extrémistes et pour rappeler le viol de quatre religieuses dans le Madhya Pradesh, le 23 septembre (2). Ils ont parcouru les deux kilomètres qui séparent la cathédrale catholique du Sacré-Coeur du parlement indien en criant des slogans demandant que les autorités assurent la protection des missionnaires chrétiens qui travaillent dans les régions pauvres habitées par les aborigènes.

Lors de son intervention, Mgr Chinnapa Malayappan, évêque de Vellore, président de la commission épiscopale pour la promotion des dalits, a souligné que les chrétiens n’en étaient plus à mendier la justice pour les dalits, mais exigeaient le respect de leurs droitsDe son côté, le P. S. Lourduswamy, secrétaire général de la commission, a annoncé que cette manifestation de New Delhi n’était que la première d’un mouvement de masse qui allait s’étendre à plusieurs Etats, pour convaincre tout le monde, particulièrement les membres des autres religions, que le déni de justice qui est fait aux dalits chrétiens est la négation des droits fondamentaux de l’homme et de la liberté religieuse

Une délégation des manifestants, composée de cinq membres et dirigée par Mgr Vincent Concessao, évêque auxiliaire de New Delhi, a été reçue par le président de l’Union indienne K.R. Narayanan, le premier ministre, Atal Behari Vajpayee, et le ministre de l’Intérieur, L.K. Advani. La délégation a remis aux autorités un texte dans lequel les chrétiens expriment leur vive inquiétude concernant les violences commises contre leurs missions et leurs institutions. Le texte affirme aussi que de tels incidents violent la lettre et l’esprit de la constitution indienneIl ajoute que les chrétiens attendent du gouvernement la fin des discriminations économiques et sociales à l’encontre des dalits chrétiens. Les dalits forment environ 60% de la population chrétienne de l’Inde.

Quelques jours avant cette manifestation de New Delhi, Mgr Alan de Lastic avait rencontré L.K. Advani, ministre de l’Intérieur. Celui-ci avait téléphoné en sa présence au président du VHP (Viswha Hindu Parishad) pour demander au mouvement hindouiste de revenir sur ses déclarations tendant à justifier les violences anti-chrétiennes ( ). Dès le lendemain de cette entrevue, le VHP s’est exécuté et a publié un communiqué, regrettant les incidents anti-chrétiens et le viol des quatre religieuses.

Dans l’Etat du Tamil Nadu, et à Pondichéry, les chrétiens ne sont pas non plus restés sans réagir. Dès le 9 octobre, une manifestation avait lieu à Pondichéry autour de l’archevêque, Mgr Michael Augustine, entouré de beaucoup de prêtres, de religieuses, et d’hommes politiques ainsi que des représentants des autres religions. Plusieurs prises de parole ont eu lieu pour condamner les violences anti-chrétiennes et le viol des quatre religieuses dans le Madhya Pradesh. Les quatre victimes sont originaires du Tamil Nadu. Par ailleurs, le 7 octobre, Mgr Aruldas James, archevêque de Madras, et président du conseil des évêques du Tamil Nadu, a écrit à tous les évêques et archevêques de l’Etat ainsi qu’aux supérieurs de congrégations religieuses afin que, le mardi 13 octobre, une journée de protestation soit organisée à travers tout l’Etat. Ce jour-là, toutes les écoles et les institutions chrétiennes devaient être fermées et les chrétiens étaient invités à observer un jour de jeûne sur les places publiques. Des manifestations devaient être organisées dans toutes les villes de l’Etat.