Eglises d'Asie

Selon les autorités, le nombre des “enfants des rues” se développe anormalement dans les grandes villes du Vietnam

Publié le 18/03/2010




L’existence des “enfants des rues” est depuis longtemps connue et de nombreux articles de la presse étrangère ont mentionné ce drame. Mais c’est, sans doute, la première fois que les plus hautes autorités du pays s’inquiètent publiquement du développement de ce phénomène à la faveur de l’actuelle crise économique.

L’urgence de mettre un terme à la présence de jeunes vagabonds dans les différentes villes du Vietnam vient d’être rappelée au cours d’une conférence sur la protection des enfants qui s’est tenue à Hanoi au cours de la première semaine d’octobre. Le premier ministre, lui-même, a lancé un cri d’alarme: Les enfants vagabonds constituent un problème urgentet leur nombre croissant demande des mesures urgentesIl s’est aussi adressé aux parents et à l’administration régionale, leur demandant de veiller à ce que de nouveaux jeunes enfants ne viennent pas s’adjoindre aux troupes déjà nombreuses de ceux qui vivent de toutes sortes de métiers, sur les trottoirs des villes. Les chiffres donnés par la presse, à l’occasion de la conférence, à savoir un total de 16 000 enfants des rues pour tout le pays, dont 44 % à Hô Chi Minh-Ville et 20 % à Hanoi, sont d’après beaucoup d’ONG, bien en-deçà de la réalité. L’UNICEF, par exemple, considère que trois millions de mineurs au Vietnam, ont besoin d’une protection particulière, à savoir 147 000 orphelins, 233 000 handicapés, 28 000 enfants travailleurs, sans compter 5 500 toxicomanes et les très nombreuses victimes des réseaux de prostitution enfantine.

Bien que l’Eglise catholique au Vietnam n’ait donné aucune consigne particulière à ce sujet, depuis le début de l’implantation du christianisme, religieuses et éducateurs chrétiens se sont préoccupés de l’enfance abandonnée. De nombreuses institutions ont été fondées pour venir à son aide. Les dernières en date sont les nombreuses “classes de l’affection” tenues par les congrégations religieuses et les paroisses qui essaient de leur donner aux enfants des rues les rudiments nécessaires pour qu’ils puissent suivre ensuite le cycle normal de l’éducation.

Par ailleurs, beaucoup de jeunes laïcs investissent aujourd’hui une part de leur temps libre et bien souvent, à l’imitation de nombreuses religieuses, la totalité de leur vie dans le travail social auprès des enfants de la rue, communément appelés “poussières de la vie”, travail dont l’urgence vient d’être rappelée par le premier ministre. C’est ainsi que, à Hô Chi Minh-Ville, sur les 150 jeunes qui travaillent à plein temps en qualité d’éducateurs de la ruepour un salaire équivalent à 35-50 dollars, dans divers centres qui se consacrent à cette tâche, 105, c’est à dire 70 %, sont catholiques. Certains de ces centres sont directement placés sous l’autorité du ministère du travail et des affaires sociales, d’autres sont animés par des organisations de masse, beaucoup d’autres sont patronnés par des groupes en liaison avec l’Eglise catholique. Leur financement est varié: il provient d’organismes internationaux, de services gouvernementaux, mais bien plus souvent encore de paroisses et de congrégations relieuses, dont les membres mettent la main à la pâte, en participant à diverses activités, en particulier éducatives, du centre.

Un des travaux les plus importants des éducateurs des rues, comme le note Ngoc Anh, une jeune catholique qui travaille depuis 10 ans dans un refuge pour enfants de la rue, de la paroisse Cau Kho, à Hô Chi minh Ville, est d’essayer de renouer les liens des enfants avec leur famille. La plupart d’entre eux viennent des provinces du Nord et du Centre. Ngoc Anh passe beaucoup de temps en voyage à la recherche des familles. Chaque enfant a une histoire particulière et ce sont des motifs différents qui l’ont poussé à quitter la maison familiale : divorce des parents, mauvais traitement reçus, ou plus souvent nécessité d’aller chercher ailleurs les ressources manquantes chez lui. L’objectif des éducateurs est non pas de ramener les enfants chez eux mais d’essayer de les mettre dans une situation qui leur permettra de renouer de vrais liens familiaux.