Eglises d'Asie

Au cours d’une visite mouvementée, le rapporteur des Nations Unies n’a pu rencontrer les religieux dissidents

Publié le 18/03/2010




Le rapporteur spécial des Nations unies sur l’intolérance religieuse, Abdelfattah Amor, arrivé au Vietnam le 19 octobre, en est reparti le 27 octobre, après une visite mouvementée, troublée par de nombreux problèmes et imprévus. Le déroulement précis de son voyage et la nature des incidents qui l’ont émaillé ne seront totalement connus que plus tard car, à son départ du Vietnam, le délégué des Nations Unies a annulé une rencontre précédemment prévue avec les journalistes. “Certains événements survenus m’ont fait changer d’idée, a-t-il déclaré. Il est mieux que je me montre discret … Je vous informerai très bientôt de ma mission

Il faudra donc attendre encore quelque temps pour savoir ce qu’il en est des rencontres du représentant des Nations Unies avec les quatre religieux de la Congrégation vietnamienne de la Vierge co-rédemptrice, dont l’incarcération lui avait été signalée par une dépêche de l’agence Fides. Il s’agit du P. Jean Bosco Pham Minh Chi, du frère Benoît Nguyên Viêt Huân, (Nguyên Thiên Phung), du frère Jean Mai Duc Chuong et du frère Michel Nguyên Van Thin. Ce sont les derniers des très nombreux religieux et laïcs

condamnés et emprisonnés lors de l’affaire dite de la Congrégation de Marie corédemptrice“, une des dernières grandes affaires religieuses touchant les milieux catholiques. Elle avait eu lieu au mois de mai 1987. En 1993, le supérieur général d’abord condamné à la prison à perpétuité, puis à 20 ans de prison, et quatre autres religieux furent libérés. Récemment pour la fête nationale de cette année, le P. Chau Dat et le P. Tadeo Dinh Viêt Hiêu ont été amnistiés (12).

Cependant, une large part des événement survenus au cours de l’enquête, concernant le bouddhisme unifié, sont déjà connus grâce à de nombreuses sources et agences qui les ont rapportés. Malgré les promesses d’entière liberté faites à la délégation par le gouvernement vietnamien, celle-ci n’a, semble-t-il, pu rencontrer aucune des hautes personnalités du bouddhisme dissident. Selon le Comité Vietnam pour les droits de l’homme (12), le 26 octobre, à 11 heures, M. Abdelfattah Amor, devait avoir une rencontre à la pagode Thanh Minh Thiên, avec le secrétaire général du Bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô, ainsi qu’avec les religieux Thich Tuê Sy, Thich Tri Siêu, tous récemment libérés à l’occasion de la fête nationale. Dans la matinée, la police a essayé en vain, de convaincre le gardien de la pagode de ne pas ouvrir la porte à la délégation des Nations Unies. La pagode fut alors cernée par des forces de police. A 11 heures, lorsque M. Amor et sa délégation se présentèrent devant la pagode, les portes ne s’ouvrirent pas et au bout de 10 minutes d’attente, les représentants de l’ONU se retirèrent.

Des incidents semblables avaient eu lieu à Huê, le 22 octobre, et à Da Nang, le 24. Selon le programme convenu entre la délégation et le gouvernement, les représentants des Nations Unies devaient rencontrer le vénérable Thich Tri Tuu, ancien supérieur de la célèbre pagode Thiên Mu. Arrêté en 93, à la suite d’une manifestation ayant jeté quarante mille personnes dans les rues de Huê, ce religieux n’avait pas eu le droit de revenir dans son ancienne pagode après sa libération en mars 1997. Après cela, la délégation devait se rendre à Da Nang, puis dans le Quang Ngai, pour y rencontrer le patriarche du Bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang. Or rien de tout cela ne s’est réalisé. A Huê, la délégation n’a pas rencontré Thich Tri Tuu, pas plus qu’elle n’a pu s’entretenir avec Thich Huyên Quang, dans la pagode du Quang Ngai où il est détenu sans jugement depuis 16 ans. Partout aussi bien à Huê qu’à Hô Chi Minh-Ville où elle s’est rendue le 24, la délégation n’a pu avoir de contacts qu’avec des personnalités du bouddhisme patronné par l’Etat.