Eglises d'Asie – Inde
Des propositions gouvernementales pour hindouiser le système d’éducation suscitent de vigoureuses critiques
Publié le 18/03/2010
Au vu de ces réactions très critiques, le 22 octobre, le BJP s’est empressé de prendre ses distances par rapport aux propositions faites par son comité interne, pourtant présidé par Murli Manohar Joshi, ministre BJP de l’Education. Le premier ministre, Atal Behari Vajpayee, a déclaré que ces recommandations étaient seulement “des sujets de discussion” et n’avaient pas été intégrées dans le programme politique du BJP. Il a ajouté : “Il n’y a pas de place pour le fanatisme religieux dans le système d’éducationLe souci principal du premier ministre est de sauvegarder sa majorité gouvernementale.
Pour certains critiques, les propositions du comité interne du BJP sur l’éducation font partie d’une stratégie à long terme, mûrement réfléchie. Alberto Pinto, sociologue à l’Institut social indien, déclare : “Ces propositions sont scandaleuses. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire en démocratie. Les nationalistes hindous ont un ordre du jour masqué. C’est une stratégie bien orchestrée pour acquérir les voix hindoues. Comme l’hostilité à l’encontre des minorités exige un élément externe, les musulmans et les chrétiens sont traités d’étrangers. C’est une sorte de ‘purification’ religieuse“. De son côté, Amita Baviskar, professeur de sociologie à l’école d’économie de Delhi, affirme : “Si elles étaient adoptées, ces propositions endommageraient pour de bon le tissu social de l’Inde. Elles sont destinées à détruire le pluralisme des voix démocratiques. Elles doivent être prises au sérieux parce qu’elles font partie d’un effort organisé et systématiqueAccusant ensuite directement le RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), principale organisation de la nébuleuse hindouiste (7), le sociologue ajoute : “Il y a déjà des exemples, dans les Etats gouvernés par le BJP, de militants du RSS recrutés pour enseigner dans les écoles. Ainsi, les enseignants eux–mêmes deviennent des agents du communautarisme
De leur côté, les représentants des Eglises chrétiennes ont eux aussi réagi vigoureusement contre ce qu’ils estiment être une nouvelle manifestation d’hostilité à l’encontre des minorités religieuses. Ainsi, le Rév. Mani Jacob, secrétaire général de l’Association chrétienne des institutions de l’enseignement tertiaire, affirme, le 22 octobre: “Nous avons le sentiment que les efforts du gouvernement pour transformer les programmes scolaires sont destinés à faciliter la propagation de son idéologie politique. La ré–écriture de l’histoire sur une ligne communautariste est une manière subtile de mettre de côté la protection constitutionnelle garantie aux institutions scolaires des minoritésLe P. George Palackapilly, secrétaire de la commission épiscopale catholique de l’éducation, déclare, quant à lui, que l’Eglise catholique s’opposera à toute tentative de transformation de la politique nationale de l’éducation : “Le gouvernement n’a pas le droit d’incorporer la théologie de quelque religion que ce soit dans le programme scolaire
Ces réactions négatives n’ont pas empêché le VHP (Vishwa Hindu Parishad ou Conseil mondial de l’hindouisme), groupe extrémiste hindou allié du BJP, de jeter de l’huile sur le feu. Evoquant les ministres fédéraux qui avaient décidé de quitter la salle pour protester contre les recommandations du comité interne du BJP sur l’éducation, le président par intérim du VHP, Ashok Singhal, a déclaré, le 23 octobre, que leur geste “était la plus grande insulte faite aux hindous dans leur propre pays, et trahissait la pire forme de communautarismeDéfendant la nécessité d’indianiser et d’hindouiser le système d’éducation, il a ajouté : “Le système actuel a été introduit par les Britanniques pour préparer les indigènes à servir les maîtres étrangers. Les choses doivent changer parce que l’Inde est aujourd’hui un pays indépendantIl a ensuite accusé les chrétiens et les musulmans de promouvoir dans leurs écoles “un programme de dé–hindouisationIl pose donc la question : “Qu’y a–t–il de mal à introduire dans les écoles l’enseignement de la culture et de l’héritage indiens