Eglises d'Asie

Mindanao : selon les dirigeants du Front moro de libération nationale, le gouvernement n’a pas tenu ses promesses de développement

Publié le 18/03/2010




Les anciens dirigeants musulmans rebelles du Front Moro de libération nationale reprochent aujourd’hui au gouvernement philippin de ne pas avoir rempli les engagements pris lors des accords de paix de 1996 pour rétablir la paix sur l’île de Mindanao. C’est la raison pour laquelle, affirment-ils, les projets de développement destinés au sud des Philippines n’ont pas encore vu le jour. L’objectif de la première phase prévue par les accords, à savoir la restauration de la paix et de la sécurité dans la région, est actuellement atteint. Mais, a affirmé récemment le président du Front moro de libération nationale, Nur Misuari, la bureaucratie gouvernementale a empêché le Front de libération nationale de faire la preuve de sa capacité à conduire l’île de Mindanao vers la prospérité.

Le porte-parole du Front moro affirme que les fonds ne sont fournis au Conseil des Philippines du sud pour la paix et le développement qu’en fonction des exigences bureaucratiques, à savoir pour le paiement des salaires des employés et le remboursement des frais de fonctionnement mensuels. Les services gouvernementaux refuseraient de fournir de ressources au Conseil en dépit des ordres donnés par l’ancien président Ramos.

En septembre 1996, Nur Misuari avait signé des accords de paix avec le gouvernement, mettant fin à trois décennies de guerre dans le sud et établissant une région autonome composée de 14 provinces et de neuf villes. Les accords plaçaient Misuari à la tête du Conseil des Philippines du Sud, chargé de superviser une phase de transition de trois ans durant laquelle les anciens rebelles seraient réintégrés au sein de la société et seraient lancés des projets de développement. Le vice-président du Front moro, Hatimil Hassan, a, pour sa part, fait remarquer que le Front moro a rempli sa part du contrat en mettant un terme aux accrochages entre la guérilla et les forces gouvernementales. Les dirigeants du Front reprochent au gouvernement de les avoir empêchés d’atteindre les objectifs économiques prévus en ne procurant pas un budget suffisant au Conseil des Philippines du sud.

Le vice-président du Front a déclaré connaître l’existence de donations ou de projets susceptibles de procurer de revenus. Les uns et les autres sont les fruits de l’initiative du Programme de développement des Nations Unies, de l’Agence des Etas-Unis pour le développement internationale et de l’Union européenne. Cependant, certaines exigences, comme par exemple des études techniques préalables, empêchent le peuple de bénéficier de ces initiatives car il ne sait pas comment répondre à ses exigences et n’a pas d’argent pour les financer.

Un autre engagement pris par le gouvernement philippin lors des accords de paix, à savoir la réintégration des guérilleros du Front à l’intérieur des forces armées philippines, n’a encore connu qu’une réalisation partielle. L’armée jusqu’à présent a absorbé 1 105 combattants du Front. La police en a accueilli 500. Les accords prévoyaient l’intégration de 7 500 guérilleros dans les Forces armées des Philippines, six mille dans l’armée et 1 500 dans la police nationale.

Le porte-parole du Front moro a ainsi présenté la part respective des deux signataires des accords de paix de 1996 dans la réalisation de leurs engagements : Les armes du Front moro se sont tues. La paix règne aujourd’hui à Mindanao. Nous avions promis la paix; nous avons été capables de la donner. Le gouvernement a promis le développement; est le développement ?”