Eglises d'Asie

Difficultés de financement pour le principal organisme caritatif catholique du pays

Publié le 18/03/2010




Selon les responsables de Caritas-Taïwan, la plus grande difficulté rencontrée aujourd’hui par leur organisme est la pauvreté de son financement. Plusieurs causes se conjuguent aujourd’hui pour rendre extrêmement ardue la collecte de fonds auprès de la population de l’île comme à l’étranger.

Une certaine image d’abondance liée à Taïwan et à son économie florissante, dissuade les bienfaiteurs étrangers de faire parvenir des dons dans ce pays. Les donneurs étrangers, se faisant une idée fausse de la richesse du pays, ont tendance à diminuer leur contribution ou à ne pas nous accorder la prioritéaffirment les dirigeants de Caritas-Taïwan. C’est oublier, font-ils remarquer, le petit nombre de catholiques de l’île, qui ne représentent que 1,5 % des 21 millions de la population.

A l’intérieur du pays, les donneurs éventuels sont souvent en désaccord sur les projets actuels de Caritas, destinés à porter assistance et à aider le développement dans des régions reculées de Chine, principalement dans les domaines de l’éducation et de la santé. Lors des récentes inondations en diverses parties de la Chine, une certain nombre de personnes se sont demandé s’il fallait envoyer de l’argent dans le continent, puisque les catastrophes naturelles avaient été causées par des fautes de gestion des autorités continentales et par leur mépris de l’environnement. Des débats de ce type existent aussi chez les bouddhistes où quelques groupes s’opposent encore à l’idée de porter assistance à un pays dirigé par les communistes. Bien que le commerce et les contacts non-officiels n’aient cessé de se développer des deux côtés du détroit de Taïwan depuis les années 1970, quelques taïwanais, en particulier les partisans de l’indépendance de l’île restent soupçonneux vis à vis du continent. Cet état d’esprit ambiant, selon un des membres du staff de Caritas, oblige l’organisation caritative, qui est aussi la Commission pour le développement de la Conférence épiscopale, à maintenir à un bas niveau les programmes de développement destinés à la Chine et surtout de ne faire que peu de publicité pour eux.

Par ailleurs, il est rare, selon le personnel du siège national à Taipei, que les sommes recueillies dans les églises, un dimanche par an, parviennent à la capitale. Elles sont souvent utilisées sur place par les équipes locales à des oeuvres caritatives particulières. De plus, le manque de main d’oeuvre oblige souvent l’organisme caritatif à se contenter de jouer un rôle d’initiateur. Les initiatives lancées par Caritas-Taïwan sont généralement reprises ensuite par d’autres groupes. Ce fut récemment le cas pour des oeuvre en faveur des victimes du sida, ou des femmes battues, créées par Caritas et reprises par diverses congrégations religieuses. Cette situation ne contribue pas à faire connaître l’oeuvre accomplie par Caritas dans la société taïwanaise et ne lui attire pas la générosité des catholiques taïwanais. Pour améliorer son image auprès de la population, l’organisme caritatif a changé de nom, obtenu une exemption d’impôts pour ses éventuels bienfaiteurs. Malgré ses difficultés, Caritas-Taïwan subventionne quand même certains programme à l’étranger: plantation d’arbres en Afrique, don de jouets aux enfants des rues de Mongolie, services pour les descendants apatrides des soldats du Kuomintang qui, en 1949, s’étaient réfugiés au nord de la Thaïlande.