Eglises d'Asie

La presse nationale a ignoré les critiques du rapporteur spécial de l’ONU et seule la presse étrangère a été informée des réponses du gouvernement

Publié le 18/03/2010




La presse vietnamienne dans son ensemble aura attendu le départ hors du Vietnam de M. Adelfattah Amor, rapporteur spécial des Nations unies sur l’intolérance religieuse, pour mentionner son voyage et son enquête. Après avoir gardé le silence pendant toute la durée du voyage, les journaux vietnamiens ont présenté, le 30 octobre, une version officielle et expurgée du déroulement des faits lors de la mission menée par le représentant des Nation Unies. Les reportages n’ont fait mention d’aucun des incidents qui ont émaillé la visite, présentée comme idyllique. Le “Nhân Dân” du 30 octobre a affirmé que M. Amor “a été témoin de la liberté de croyance au quotidien et a eu l’occasion de comprendre la politique constante de l’Etat et du parti communiste sur la garantie de liberté religieuse de tous les Vietnamiens

Le “Nhân Dân” a aussi fourni une liste des responsables de l’Eglise bouddhiste du Vietnam (patronnée par l’Etat) rencontrés par l’envoyé de l’ONU. N’y figure aucun dirigeant du bouddhisme unifié. Selon la presse officielle, M. Amor a aussi rencontré le cardinal Pham Dinh Tung, archevêque de Hanoi, ainsi que Mgr Pham Minh Mân, actuel archevêque de Hô Chi Minh-Ville. Selon Reuters du 30 octobre 1998, lors de la rencontre avec le cardinal de Hanoi, des représentants du gouvernement étaient présents malgré le désir exprimé par le rapporteur d’avoir un entretien privé avec son hôte.

Ce n’est que le 4 novembre, dans une conférence de presse destinée à la presse étrangère, qu’une voix officielle a fait allusion aux reproches formulées par le rapporteur de l’ONU à l’encontre du gouvernement vietnamien, et a donné des explications pour chacun des incidents ayant provoqué ses critiques. Mme Phan Thuy Thanh, porte parole des Affaires étrangères, a estimé qu’il était nécessaire de corrigerle communiqué de presse fait à Tunis par M. Amor, à son retour du Vietnam (11). Je réaffirme, atelle dit, que M. Amor a bénéficié de toute liberté de mouvement au cours de son séjour au Vietnam et qu’il a eu la liberté de rencontrer qui il voulaitSelon elle, si l’envoyé de l’ONU n’a pu se rendre en certains endroits, c’est à cause du retard des autorités locales à prendre les dispositions nécessaires aux rencontres prévues. L’entretien avec le patriarche Thich Huyên Quang n’a pu avoir lieu à cause du grand âge du religieux qui a, aujourd’hui, plus de 80 ans. Si M. Amor n’a pu entrer à la pagode Than Minh Thiên où il devait rencontrer plusieurs bonzes, c’est parce que le rapporteur est arrivé seul sur les lieux. Faute de le reconnaître, les gens qui gardaient l’entrée de la pagode ne lui ont pas ouvert la porte. Enfin, selon la porte-parole des Affaires étrangères, la présence du chef de camp, lors de l’entretien du rapporteur avec quelques moines au camp Z304, dans la province de Dông Nai, était nécessaire pour assurer sa sécurité en cet endroit où sont gardés des criminel privés de leurs droits civiques.

Le même jour, le “Quan Dôi nhân Dân” (Armée populaire), a traitée de “choquant“, un projet de loi récemment adopté par le Sénat américain, prévoyant une panoplie de sanctions économiques et diplomatiques contre les pays étrangers violant la liberté religieuse. Selon le journal vietnamien, les Etats-Unis donent l’impression de légiférer pour le monde entier. Bill Clinton aurait signé cette loi à cause des pressions subies par lui à l’occasion de l’affaire Lewinski. On peut penser que cette nouvelle loi conjuguée à l’impression fâcheuse causée par l’accueil du représentant de l’ONU provoquera un regain de tension entre le Vietnam et les Etats-Unis.